J'ai la flemme (2) : ça tombe bien, la Saint Martin revient chaque année, et c'est un grand jour Gourmand
Aujourd'hui : rediffusion de l'émission d'il y a un an. Naturellement, on se dit qu'on ferait mieux de célébrer nos poilus chaque jour de l'année qu'ils sont tombés, et fêter officiellement la Saint-Martin le 11 novembre (puisque, nous dit La Reynière, Saint Martin est un patron qui unit) plutôt qu'un armistice qui, désormais, grâce à notre Président mal-aimé, divise : il a tenté de célébrer huit bouchers, ce qui n'aurait pas été pour déplaire à Alexandre (qui avait une admiration toute particulière pour la profession), mais ça ne lui a pas réussi. Tempus figit, ou, plus précisément en version intégrale : Sed fugit interea, fugit irreparabile tempus, singula dum capti circumvectamur amore : « Mais en attendant, il fuit : le temps fuit sans retour, tandis que nous errons, prisonniers de notre amour des détails » (de l’Histoire, auraient rajouté certains plutôt à droite).
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À tous les Martin (et les Martines) du monde, que vous soyez catholiques, calvinistes ou luthériens : savez-vous quelle importance a votre Saint dans le Calendrier gourmand ? Non ? Eh bien lisez maintenant !
Cette fête est vraiment celle de la bonne-chère. C'est le
patron des festins, et le Saint le plus généralement invoqué par tous les
hommes de bon appétit. Nous ignorons si ce, célèbre évêque de Tours était de son vivant un
mangeur distingué; mais ce que nous savons positivement, c'est que
l'anniversaire de sa mort est la cause, l'origine et le témoin d'un grand
nombre d'indigestions. Catholiques, Luthériens, Calvinistes, Quakers,
Anabaptistes, Anglicans, Presbytériens, Grecs schismatiques ou unis, toutes les
sectes chrétiennes, tant divisées sur tous les points de leur croyance, se
réunissent pour fêter S.-Martin. De tous les bienheureux habitants du ciel,
c’est celui dont le culte est le plus universellement répandu. Il n’y a pas
jusqu’aux incrédule, et même jusqu’aux philosophes, qui n’aient pour lui la
plus grande vénération. Ces derniers mêmes, en leur qualité de Gourmands du
premier ordre, ont plus de foi en ses reliques que tous les autres. Grand
Saint-Martin ! patron de la Halle, mais surtout de la Vallée, qui ne sent
son appétit se réveiller à votre approche ? Quoique votre fête ne soit point
précédée, comme tant d’autres moins solennelles, d’un Vigile et jeûne ; combien
de gens jeûnent pendant trois jours pour la mieux célébrer! C’est pour les
hommes bien portants la saison de l’émétique et des clystères. Chacun
s'empresse à l’envi de récurer son estomac, pour lui faire prendre de nouvelles
forces; et la veille de votre fête est vraiment celle des apothicaires.
De leur côté les cuisiniers récurent les marmites,
grattent leurs marmites, ratissent leurs broches, éclaircissent leurs grils, et
font étamer leurs casseroles ; et comme à la veille des jours solennels,
l’on pare à qui mieux mieux les autels, le jour qui précède la S.-Martin, on
balaye les fourneaux, on ramone les cheminées, et la cuisine prends l’aspect
d’un boudoir.
Vivent les Martins, amis de la bonne chère et des
apothicaires ! et Vive la Saint-Martin !
Source : Almanach des Gourmands, 1ère
Année
Auj
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