mardi 1 octobre 2019


En exclusivité universelle : La Reynière, au jour le jour à Paris, en octobre 1794. Les étals se remplissent,  la Reynière vend son argenterie pour faire les courses ; les cendres de J.J. Rousseau sont transférées au Panthéon ; c’est l’anniversaire d’Adélaïde ; toujours les visiteurs monarchistes bon teint qui soufflent après la Terreur ; et bien d’autres choses encore…


En ce mois d’octobre 1794, quelques faits marquants :

- le transfert des cendres de J.J. Rousseau au Panthéon : le samedi 11, l’événement passe à côté de La Reynière, dans les deux sens du terme.
- L’anniversaire d’Adélaïde le 15 Octobre : elle a 26 ans, lui en aura 36 dans un peu plus d’un mois. Bas de soie et bouquet de fleurs

A part ça, la Reynière passe beaucoup de temps à parfaire ses itinéraires gourmands. On le voit parcourir les étals qui recommencent à prendre des couleurs, malgré l’automne. Mais il regarde les oies grasses et les poulets se balancer aux halles sans pouvoir les attraper. Non sans ironie,  le « rentier désargenté », c’est ainsi qu’Alexandre se présente bien à propos dans d’autres ouvrages, doit se résoudre à vendre… l’argenterie - fourchettes et couteaux - pour les amener à sa table. Il fait pour cela nombre d’orfèvres sur la route entre la place de la Révolution et la halle, Barbeau et Rousseau S. Honoré, Dupont, rue des Orfèvres pour vendre au plus offrant. Certains deviendront de ses amis, ce Rousseau par exemple, qui aura droit aux louanges de la Reynière dans la 2ème Années de l’Almanach des gourmands (voir au 25 octobre).

On le voit aussi visiter de façon plus intrigantes ferrailleurs, ferblantiers, serruriers et marchands d’échelles. La Reynière serait-il bricoleur ? Il est vrai que l’hôtel de la rue de l’Élysée a mal supporté les pluies abondantes de septembre, tandis que la valse des huissiers continue, avec des scéllés apposés ici et retirés là, voire des pièces désemmurées, ce qui nécessite affectivement quelques travaux.

L’autre activité qui aura des prolongements dans la productions littéraires de la Reynière. Il y va de plus, mais toujours dans les mêmes théâtres voir jouer ses copains et copines de la Comédie française, ceux du Faubourg S. Germain à tendance monarchiste. Grâce à lui et à mes notes, vous apprendrez bien des choses sur Talma, Fleury, Molé, D’Azincourt, les Contat, Melle Lange etc.. La Reynière commente en général la première pièce du spectacle et peu souvent la deuxième car il aura profité de l’entre acte pour aller discuter avec son ami Fleury dans la loge d’icelui – un amitié un peu intéressée : diner chez Suzanne contre billets pour Alexandre.

Vous verrez les habitués visiter de plus en plus fréquemment l’hôtel des la Reynière, dont Neveu, ce peintre qui a son appartement au Louvre, visiteur très assidu qui emmène parfois Adélaïde en promenade, voire au théâtre. Y aurait-il une romance entre les deux ? C’est bien possible. Une lecture fine du Journal montre que les moments de tendresse enre Adélaïde et Alexandre sont rares. Le 12 octobre peut-etre, avec cette mention inhabituelle : Mad vient dans ma chambre en haut &c. Ah ?

Dans les nouveau venus, François de Bausset, ancien évêque d’Alès et neveu de Suzanne de la Reynière; Pons de Verdun, un avocat écrivain compagnon de frasques d’Alexandre dans les années 1780 ; et quelques autres que je vous laisse découvrir.

Tous forment une assemblée de monarchistes décomplexés pendant cette première période qui suit la Terreur.

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Mercredi 1er Octobre
Séjour à Paris – visite à M. Joly de Fleury* – M. Trianon solde – Salade marché d’Aguesseau** – retour au logis – Dej – Perruq – Dîner avec mad. Mde Bouvet*** et M. Batilliot**** – Livres de M. François privés 100 – Visite d’un ami de M. de Farcy, créancier de 4.357 de M. François***** – Visite de M. Daigremont****** – visite à ma mère avec mad. – Souper avec mad. – Lect. – Coucher en haut à 12h 3/4.
*Joly de Fleury : Homme politique de l’Ancien régime, qui parvint à traverser la période révolutionnaire sans être inquiété.
** ancien marché situé entre la rue Royale et le boulevard des capucines actuels, à deux pas de l’hôtel des la Reynière, donc.
*** M. et Mme Bouvet sont des connaissances lyonnaises.
**** Il y avait au 107 rue de la Harpe, près de la place Saint-Michel, première porte cochère, puis à partir de 1793 au 15 de la rue du cimetière St André des Arts en entrant par la rue Hautefeuille et rue Foin-Saint-Jacques, au coin de la rue Boutebrie, une librairie tenue par Batilliot ainé et son frère cadet Pierre-Louis-Sauveur.
Notice la BNF :  Libraire ; au Cap-Français, imprimeur des commissaires nationaux civils (1792) ; de la municipalité et du gouvernement (1792). - Semble avoir d'abord exercé au Cap-Français (auj. Cap-Haïtien) comme libraire (en compagnie d'un frère) avant juillet 1788, puis à partir de 1790 comme imprimeur sous la raison : "Batilliot jeune" ou "Batilliot et compagnie". Publie le "Moniteur général de la partie française de Saint-Domingue" du 15 nov. 1791 au 20 juin 1793. De retour à Paris, travaille de 1795 environ à oct. 1800 avec son frère aîné sous la raison : "Batilliot frères". Breveté libraire à Paris le 1er oct. 1812 (brevet renouvelé le 24 mars 1820).  
***** François de Bausset est un membre de la belle-famille de Justine de Jarente d’Orgeval. Justine est la petite sœur de Suzanne et cette tante qu’Alexandre aimait tant (voir le GRIHL  pages 169 et ss.). Suzanne n’avait guère d’affection pour sa sœur (et pour personne, d’ailleurs) et il est possible que ce manque d’affection se soit étendu à la belle-famille de Justine).
****** En fait : d’Aigremont (comme à beaucoup d’aristocrates, la révolution lui a fait avaler sa particule). Hormis ce journal, on ne trouve nulle trace d’un d’Aigremont dans les écrits de La Reynière, ni dans les biographies qui lui ont été consacré. Il s’agit probablement d’un parent de Laurent de la Reynière, signalé par Antoine Lilti dans Le monde des salons, Sociabilité et mondanité à Paris au XVIIIe siècle (à propos d’une mystification extrêmement drôle dont Laurent de La Reynière fut victime et qui aurait à elle seule mérité un chapitre du GRIHL). A moins qu’il ne s’agisse de son frère… Dans la suite de son journal, Alexandre fait référence à M. Daigremont, et à M. Daigremont l’aîné.

Jeudi 2
Séjour à Paris – Visite à M. de Normandie*, sorti – visite à M. Davrigny – M. Lœuillard**, Id. – Mde Duce couturière Vauxhall d’été***, solde pour mad. Salon du Vauxhall. Bains, abonnement pris, joli local – graveur en cachet adossé à l’ancien opéra**** – Lion d’argent*****, sur le registre – Complaisance de Melle Beguin, reconnaissance avec M. Huguenin – Comité civil de la section des amis de la Patrie – formalités à observer pour un certificat de résidence - Lion d’argent, épicier rue Montmartre - Visite à Mde Tissier – changement de domicile de sa voisine – M. Dazincourt******, sorti, curiosité non satisfaite – Pâtissier de la galerie d’office du Palais-Royal – Pâte d’amande id. – Librairie cour du Manège – ou des écuries aux Tuileries – Retour au logis – fatigue – Dej. – Dîner avec mad. – Café avec M. Gay  et M. Daigremont – Visite de M. Geoffrain, nouvelle de la liberté de M. le C. dev. mar. de Ségur********* – Lecture en chambre en haut et en bas – visite à ma mère – Souper avec mad. – Lect – Coucher en haut 12h ¾
*Louis-Valentin Denormandie fut « Directeur particulier » à la Direction générale de la Liquidation de la dette publique, rue de Grammont n°550 ou place Vendôme n°21, et directeur de la dette des émigrés, rue Avoye.
** Charles-Joseph Loeillard d’Avrigny (La Martinique, 1760- Paris, 1823) fut un poète et librettiste. Réputé dans le style opéra comique, il a écrit de livret d’un médiocre Doria mis en musique par Méhul.
*** Salle de spectacle située rue Samson, du nom de la famille de bourreaux célèbres dont le dernier habitait la rue des Marais, soit l’actuelle rue Léon-Jouhaux (entre la Place de la République et le canal S. Martin). Gravure en cachets : l’artiste place le cachet dans une poignée garnie de ciment et de cire et le grave avec les instruments utilisés par les graveurs en médailles. Il y a cette différence toutefois que le graveur en cachets ne travaille qu'en vue d'obtenir qu'un seul coin, tandis que les graveurs en médailles, au contraire, produisent des matrices à l'aide desquelles on peut se procurer autant de coins qu'on le désire
**** La Reynière fait référence à  la première salle du Palais Royal, inauguré en 1641 détruit par un incendie en 1781. En 1794, l’opéra de Paris est en cours de transfert entre la salle de la Porte S. Martin et le Théâtre National de la rue de Richelieu dans la salle initialement appelée Salle Montansier.
***** Le Lion d’argent : auberge située rue du fbg Saint-Denis puis rue Saint-Denis, cour Batave, tenue par M. Sommesson. (Almanach du Commerce de Paris pour 1809) Au 60 de la rue Saint-Denis, une inscription indique : "Maison Batave 1795-1859" 
******Joseph-Jean-Baptiste Albouy (1747-1809), dit Dazincourt est entré à la Comédie Française en 1776 et devint sociétaire en 1778. Il fut un célèbre Figaro. Cet Acteur a un talent formé, un jeu raisonné, beaucoup d'intelligence, de finesse & de vérité. Il est bon comédien, sans être farceur, & plaisant sans être outré (Mercure de France). Ami d’Alexandre dans les années 1780, il fut l’un des participants du fameux Souper du 1er février 1783 de même qu’il fut l’une des membres régulier du Jury dégustateur crée par Alexandre. Donc beaucoup de récurrences dans le GRIHL (dont pages 65, 79, 245, 249, 341, 348, 367) Comme Molé, il fut arrêté dans la nuit du 2 septembre 1793 pour avoir joué dans Paméla, il fut enfermé aux Madelonnettes. Ce fut un ami de La Reynière dès le début des années 1780 et il participa au fameux souper du 1er février 1783 (voir le GRIHL pages 81 et ss.). Acteur apprécié, malgré son fort accent marseillais, on disait de lui que c’est un bon comique, plaisanterie mise à part. Il ne manquait d’ailleurs pas d’humour. Chargé de donner des cours de diction à la reine, il répondit à la question que lui posa Louis XVI : il faut avouer, Majesté, que la Reine lit royalement mal. Son principal défaut ? C’est la manie de rire de ce qu’il a dit et de donner ainsi aux spectateurs le signal des applaudissements (La nouvelle lorgnette des spectacles, par Fabien Pillet et aa., 1801, page 68).
********Philippe Henri, marquis de Ségur, né le 20 janvier 1724, mort le 3 octobre 1801, petit-fils du Régent, est un gentilhomme français, officier durant les guerres de Louis XV, secrétaire d'État à la Guerre de Louis XVI de 1780 à 1787, maréchal de France en 1783. Durant la Terreur, il fut enfermé à la prison de la Force le 23 vendémiaire et, après sa libération, le 10 thermidor, est réduit à la plus grande pauvreté. Il était le père de Joseph-Alexandre vicomte de Ségur (1756-1805), personnage emblématique des libertins de la fin de l’ancien régime, qui fut tout à la fois militaire, poète, chansonnier, goguetier. Monarchiste dans l’âme, contributeur à L’Acte des Apôtres, il fut emprisonné pendant la Terreur il échappa à la mort grâce à la complicité d’un ami qui s’était fait embauché à la prison de S. Lazare afin de détruire son dossier.

Vendredi 3
Séjour à Paris – Libr. cour des Écuries – M. Dazincourt, sorti – M. Petit – M. Costel*, comité de la Section des amis de la Patrie – Lion d’argent, difficulté de trouver deux témoins, le cuisinier s’offre, le garçon d’écurie refuse – Mme Duce – Boucher de la Courtille, viande non encore tuée – Retour chez Mme Duce – Visite à M. Rochon de Chabamnes**, sorti – à Mme Vauruisseau id. – Toile de Laval, sur le boulevard – épicier rue Montmartre – Libr. Cour des Ecuries – retour au logis – Dej – Perruq – Dîner avec mad. – visite à ma mère – sortie avec mad. – Ensemble M. Petit. Je l’y laisse – Seul Lion d’Argent, partie remise à dimanche – rue des 15/20 – M. Petit, Robert Linder s’y trouve, homme qui paraît aimable, connaisseur en beaux Livres – retour au logis – avec mad. et M. Santerre*** – fatigue – souper avec mad. et M. Santerre – Coucher en haut à 12. ¾
* Costel pharmacien rue de la feuillade n°4, halle au bled.
**Marc-Antoine-Jacques Rochon de Chabannes, né le 23 janvier 1730 à Paris où il est mort le 15 mai 1800, est un auteur dramatique français spécialisé dans la comédie et l’opéra comique. Il n’était pas destiné à laisser une marque bien profonde dans la littérature française. La Harpe disait de lui : Il est impossible d'être plus pauvre d'invention que ce Rochon tandis que Grimm l’égratignait aimablement :  des scènes épisodiques sans intrigue, sans action, presque sans sujet, mais qui se soutiennent par l'agrément des détails et par l'intérêt d'un dialogue simple et naturel.
***Probablement Nicolas-Philippe Santerre (1733-1796), avocat au Parlement de Paris, notaire royal à Magny, à moins qu’il ne s’agisse de son fils Hugues-Philippe (1763-1829) notaire royal et maire de Magny.

Samedi 4
Séjour à Paris – à 6h ½ médecine Composée – 7 selles profitables – Perruq – Dîner avec mad. – M. Santerre – M. de la Lande, son ami, connaisseur des estampes et M. Costel – bon et agréable dîner – visite de M. Neveu – de M. Daigremont – Portefeuille prisés de M. de la Lande – visite à ma mère – en chambre, conversation avec mad. et M. Santerre – visite à ma mère – Souper avec mad. Coucher en haut à 1h.

Dimanche 5
Séjour à Paris –  M. Petit – Horloger rue Greneta* - Lion d’Argent, avec M. Alix et M. Renaud, témoins, comité civil avec des amis de la Patrie, attestation délivrée – M. Nouvelle – M. Breguet** – Vallée, perdreaux, oie – M. petit – Retour au logis – Dej – Perruq – Dîner chez ma mère avec M. Dazincourt, M. Gay*** et M. Daigremont – excellent dîner, poule de Caux divine – en chambre – (…) visite à ma mère avec mad. – Souper avec mad. – Lect – Coucher en haut.
* Sans doute Humbert-Droz, horloger, rue Greneta 33 (Almanach du commerce pour 1798). Les Humbert-Droz sont une famille d’horlogers suisses originaire de Neuchâtel.
**Abraham-Louis Breguet fut l’élève du célèbre Ferdinand Berthoud, horloger mécanicien du roi et de la marine, cité dans Les Tontons flingueurs. Vu sur le site de Breguet :
Abraham-Louis Breguet quitte sa région natale de Neuchâtel à l’adolescence. Il effectue son apprentissage d’horloger à Versailles et à Paris. C’est en 1775 qu’il ouvrira son atelier dans l’île de la Cité à Paris; grâce à l’abbé Marie, qui le prend sous son aile, il sera présenté à la cour de France qui ne tarde pas à faire partie de la clientèle du jeune horloger. Forcé de quitter la France aux sombres heures de la Révolution, il y revient dès 1795 pour poursuivre son activité. Le Journal de La Reynière nous informe donc que l’atelier de M. Breguet était restée ouverte pendant son absence.
*** Jean-Baptiste Gay fut le secrétaire particulier de Laurent Grimod de La Reynière. Il avait été incarcéré à la prison  de piques le 20 février avec Suzanne de la Reynière (ainsi que la nièce de cette dernière, Maximilienne Baudot de Sainneville, comtesse d’Ourches). Il avait épousé Sophie Nichault de la Valette, écrivaine et salonnière. Une de leurs filles, Delphine Gay, écrivaine et journaliste, fut l’épouse d’Émile de Girardin.

Lundi 6 octobre
Séjour à Paris – M. Dupont et Castellan, banquiers rue de Grammont n°21 – traite acceptée – Machande de volaille, boulev. de l’Opéra – Bains au Vauxhall – propres et chauds, bon bouillon à 15 s. – Visite à Mme de Vauruisseau – Épicier rue Montmartre, miel blanc à 56 s. – Épicier Neuve des Bons enfants, anchois à 5 - Retour au logis – Dej – Perruq – Dîner avec mad. M. de Fontanes* et M. Gay – Disputes de M. Neveu et de M. Fontanes – visite à ma mère – Souper avec mad. – Coucher en haut à 12h ¾
*Jean-Pierre Louis, marquis de Fontanes, est un écrivain français, né le 6 mars 1757 à Niort et mort le 17 mars 1821. Poète et homme d'action, Louis de Fontanes fut à la fois l'héritier du goût de Racine et de Fénelon contre toute théorisation littéraire, l'admirateur du bon sens politique d'Henri IV et de George Washington, qui « conserve et perfectionne », contre toute « audace qui détruit », et un bon vivant doué des manières et de la galanterie de l'ancienne France. Partisan d’une monarchie éclairée, proche de Châteaubriand, ami de La Reynière (qui le qualifie de « classique et discret ») il participa à ses premières séances « semi gustatives » (voir le GRIHL pages 87 et ss.).

Mardi 7
Séjour à Paris – Déjeuner au Lion d’Argent avec MM. Alexandre, Beguin fils, et Renaud - Huîtres, vin blanc apporté – Marchande de volailles boulevard de l’opéra – Libr. boulevard du Temple – Fripière Place Royale* – Charcutier rue S. Antoine**, cornichons – mad de font. de grais, 1 ou 2 voyes 40 – M. Guyot, M. Lecomte, coutel – Bouquiniste quai de Gêvres*, id. pont au change – M. Breguet – M. Vion – M. Dupont, sorti, M. de Presle, tailleur façon d’un frac 10 – Boîte de M. Neveu – Serrurier rue Froidmanteau**** – retour au logis – Dîner avec mad. et M. Neveu – point de perruq – visite à ma mère – Lecture en haut – Visite de M. Santerre – visite à ma mère avec mad, bonne humeur – souper avec mad. – Coucher en haut à 1h.
* Aujourd’hui place des Vosges, alors Place de L’Indivisibilité.
** Bernier, « chaircutier » rue S. Antoine, n°259.
*** Blangonnet, quai de Gêvres n°2. Les « libraires colporteurs » sont apparus au début du XVIIème siècle dans Paris, principalement sur le Pont Neuf, mais les libraires, avec l’appui des autorités royales leur ont fait la guerre à coup d’interdictions puis de réintégrations sous agrément. Le terme bouquiniste fait son entrée dans le dictionnaire de l’Académie française en 1762 : « celui qui vend ou achète de vieux livres, des bouquins », un bouquin étant un « vieux livre dont on fait peu de cas ».
La Révolution va révolutionner la profession. L’abolition du régime des corporations permit aux bouquinistes de prospérer d’autant plus librement que leur commerce était alimenté par les réquisitions et le pillage des bibliothèques des aristocrates et du clergé. Voir par exemple notre note sous le 19 août à propos de l’incendie et du pillage de la bibliothèque de l’abbaye de S. Germain.
**** Gosselin, serrurier rue Froidmanteau, n°205.

Mercredi 8
Séjour à Paris – Visite de M. Peclet – Vallée, perdreaux – Outils – tourneur marché neuf*, Echelle commise – M. Radamel** – Serrurier rue de la Sonnerie***, fer – M. Dupont – Halle, œufs à 15 les 6/12, beurre fin à 3 – Rue au fer, bonbons – Cellery, raisin rue S. Honoré – retour au logis – Dej  café – Perruq – Dîner avec mad. et Mme Bouvet – Lettre pour M. François – Théâtre de la République – Timoléon****, tragédie de Chénier et Pygmalion – Beaux vers, beau caractère de Timoléon – sujet non motivé , chœurs ridicules. Bonne pantomine, talent de Talma*****, talent éteint de Monvel****** – Pygmalion joué forcément par Baptiste – M. Petit – rencontre de M. de Fontanes – retour au logis – visite à ma mère – Souper avec mad. Coucher en haut à 1h.
*Augustin, tourneur, Marché Neuf, n° 34.
**Dans ses Itinéraires gourmands, Alexandre conseille d’aller au Café de Conti boire une tasse du chocolat sorti de la fabrique de M. Radamel, située rue Dauphine. (Almanach des Gourmands, 1ère année, 4ème édition, 1810, p. 281).
***Anciennement rue de la Saulnerie, entre le quai de la Mégisserie et la rue Saint Germain l’Auxerrois. Apparaît encore dans l’Almanach du commerce de Paris de 1813.
**** Timoléon, tragédie en trois actes et en vers, avec des chœurs représentée pour la première fois le 25 fructidor an 2 sur le Théâtre de la République, par le citoyen Marie Joseph Chénier, député à la Convention. Musique des chœurs du citoyen Méhul. D’après la base César, la pièce de Chénier, musique de Méhul, n’aurait connu que 4 représentations, dans 4 théâtres différents: le 11 septembre 1794 (Théâtre de la République), le 5 novembre 1794 (Opéra), 10 mai 1795 (Théâtre des variétés), le 3 janvier 1796 (Théâtre Feydeau). La Reynière avait déjà assisté à une représentation de Timoléon le 13 septembre dans ce même théâtre de la République
*****Talma (1763-1826), Entré à la Comédie-Française en 1787 ; 195ème sociétaire en 1789 ; doyen de 1824 à 1826. Considéré comme l’acteur le plus talentueux de son époque, le successeur de Lekain. Il fut le chef de file des acteurs Républicains ayant rejoint la salle Richelieu en 1793. Il sera l’acteur préféré de Napoléon. Pour un portrait complet et synthétique de Talma, c’est par ici.
******Jaques Marie Boutet dit Monvel, Entré à la Comédie-Française en 1770 ; sociétaire en 1772 ; départ de 1781 à 1789 ; retraité en 1806 ; doyen de 1802 à 1806. Valeur sûre de la Comédie française, il faut aussi dramaturge. Il est le père de la célèbre mademoiselle Mars. Pour une biographie de l’époque, c’est ici

Jeudi 9
Séjour à Paris – Boulevard S. Martin, marchand de comestibles, poulets de Caux, poulardes truffes – Bain du Vauxhall d’été* – Visite à Mme de Vauruisseau – rue Bourg l’abbé - Passage de l’ancre**, magasin de draperies, Drapet vigogne à 72 l’aune – Visite à M. Lange***, rue Ste Avoye, reconnaissance avec Mme Lange & lui - magasin de Lampes conversation sur les frères Argand**** (ou autres) huile inscrite – Visite à M. Daigremont l’aîné , sorti – Chaircutier rue S. Antoine, cervelas aux truffes, commis – quai de Gêvres, chapeau à 17 M. - Dupont argent à 112 – M. de Presle – dépôt des lois – Retour au logis à 3. ¼ - Dîner avec mad – Visite de M. Daigremeont – Perruq – Visite de M. François de Bausset. Je lui remets la traite de Béziers de 800 et la passe à son ordre – Visite de m. Costel****** – Lecture en haut – Visite à ma mère – retour en chambre – visite à ma mère - Souper avec mad. et M. Gay – étrange scène de mad. après souper – coucher à 2 heures en haut.
* Initialement proche de la porte Saint martin, Le « Vauxhall d’été » est situé 178 rue Samson, dans le Marais, du nom de la famille de bourreaux célèbres dont le dernier habitait dans cette rue aujourd’hui rue Albert Thomas. Lieu de plaisir très fréquenté jusqu’à la restauration, le Vauxhall d’été comportait une grande salle de danse et un café donnant sur un grand jardin.
** Le passage de l’ancre relie la rue S. Martin et la rue de Turbigo. C’est un passage charmant dont je recommande la visite. Entre 1792 et 1805, le passage porta le nom de « passage de l'Ancre Nationale ».
***Lange, épicier rue Avoye n° 140. La rue Avoye ou Ste Avoye était nommée ainsi en l'honneur d’Avoye de Sicile, martyre du IIIe siècle. Elle était sur l’emplacement actuel d’une partie de la rue du Temple.
*** Drapet : drap dont on fait les vêtements.
Vigogne, laine, s. m. (Lainage.) Elle vient du Pérou qui est le seul lieu au monde où l'on trouve l'animal qui la porte, & dont elle a emprunté le nom. Les rois d'Espagne ont souvent tenté inutilement d'y faire transporter de ces sortes d'animaux, dans l'espérance de les faire peupler, & de rendre par - là leur laine plus commune & moins chère, en épargnant les frais, & évitant les risques de la mer; mais soit faute de pâturages qui leur conviennent, soit que le climat ne leur soit pas propre, ils y sont toujours morts; en sorte que depuis long tems les Espagnols ont abandonné ce dessein. La laine de vigogne est de trois sortes, la fine, la carmeline ou bâtarde, & le pelotage; la dernière est très - peu estimée; elle s'appelle de la sorte, parce qu'elle vient en pelotes. Toutes trois néanmoins entrent dans les chapeaux qu'on appelle vigogne, mais non pas seules; il faut nécessairement les mêler avec du poil de lapin, ou partie poil de lapin, & partie poil de lièvre. (Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers)
**** Originaire de Genève ; les frères Argand (dont Aimé) sont considérés être les inventeurs de la lampe « à courant d’air et cheminée de verre. En réalité, Aimé Argand et Lange étaient associés et obtinrent le 5 janvier 1787 des lettres patentes portant permission exclusive de fabriquer et de vendre dans tout le royaume des lampes de leur invention pendant quinze ans. Ce privilège fut contesté par les ferblantiers parisiens tandis qu’Argand et Lange se disputaient le mérite de leur invention.  Avec la Révolution, les privilèges furent abolis et Argand se trouva frustré des bénéfices de sa découverte. Quinquet ajouta quelques formes aux lampes à courant d’air et leur donna son nom ; sous lequel les lampes à courant d’air restent connues aujourd’hui. Connus aussi pour avoir acheté l’Église S. Joseph, rue Montmartre.
******Costel, rue de la feuillade n°4 (halle au bled) : pharmacien.

Vendredi 10
Séjour à Paris – M. de Presle – Mercier* rue aux fers – visite à Mme Bouvet, rue S. Martin, n°32 – avec elle chez une dame de Lyon – même rue près le Café Bizet – Seul, chez MM. Legret, Bréavoine et Faure déménagés rue Beaurepaire – brave et dignes commissionnaires – M. Pochet, thé à 30.- halle, M. Theurlot***, beurre – vannier, panier – viande, mouton, - rue S. Honoré, pots au feu – M. de Presle – mesure d’habits – Halle, viande, bœuf, je reprends mon panier, rue S . Honoré, pot au feu, un portefaix porte tout – marrons, place du Carrousel – retour au logis – Perruq. Portefaix – huile de M. Lange – dîner avec mad. – visite de M. Daigremont – découvertes dans la cuisine – plats d’étain – Lecture en haut – Visite de M. Santerre et de M. de Verneuil- Visite à ma mère – en chambre )- visite à ma mère avec mad. – souper avec mad. – coucher en haut à 1h.
* Mercier, boutonnier rue au Fer n° 542.
** Legret, commissionnaire de marchandises
***M. Octodi Theurlot, marchand de beurre, rue des Petits Piliers aux Potiers d’Étain, n°12. Il vendait aussi des œufs. M. Theurlot était donc crémier. La rue des P.P. aux Potiers d’Étain commençait rue de la Cossonnerie (n° 39) pour terminer rue de la Pirouette (n°1) toutes deux disparues lors de la construction des Halles en 1866. Un passage de 81 m. de long et 4 m. de large situé au niveau -2 de la Porte Lescot a été baptisé Rue Pirouette, par arrêté municipal du 18 décembre 1996.

Samedi 11
Séjour à Paris – avec mad. dej. Chez M. Santerre – il est sorti – je la laisse en bas : seul, M. Trianon solde – Retour chez M. Santerre, déjeuner avec madame et lui – café, pâté, raisins – tous trois Tuileries – fête en l’honneur de la translation de J.J. Rousseau au Panthéon*, cortège – chars, petit nombre de spectateurs – Museum – rencontre de M. Neveu et de Mme de Clermont-Tonnerre** qui se fait porter sa queue a l’air bien aristocrate, bien impertinente, comme toutes le ci-devant comtesses – retour au logis – Cannes - Dîner avec Mme de Santerre et M. Daigremont – Dîner choisi, sans traiteur – Pot au feu, raie, poulet de caux, bonne petite chère – Lecture en haut – Visite de M. Neveu – ne soupe point – Souper avec mad. – coucher en haut à 1h.
*C’est en 1778 que Jean-Jacques Rousseau décède au château d’Ermenonville près de Paris, sans doute d’un accident cérébral. Le marquis de Girardin qui a offert l’hospitalité au philosophe né à Genève en 1712, fait inhumer son corps sur une petite île de la propriété. Penseur admiré, sa tombe est très visitée. Les thèses du philosophe sont en effet des plus populaires et les réflexions du “Contrat social” ont une forte influence sur la politique de l’époque. Dans cet ouvrage publié en 1762, Rousseau insiste sur l’importance du contrat social. Même si pour lui, c’est la société qui rend l’homme mauvais, Rousseau affirme qu’il faut un pacte pour que la société fonctionne bien et garantisse à chaque citoyen la liberté et l’égalité. Chacun renonce à sa liberté naturelle pour gagner une liberté civile. La souveraineté populaire est le principe fondamental du contrat social. Quoi de plus logique dès lors que la France révolutionnaire décide de faire rentrer Rousseau au Panthéon. Le transfert dans ce monument destiné à honorer les hommes et les femmes ayant marqué l’histoire de France est fait ce 11 octobre 1794.  Voir ici et . La translation des cendres de JJR fut l’occasion d’une cérémonie de trois jours (9 10 et 11 octobre 94). Le 10 octobre, il fallu 9 heures pour faire le trajet entre Ermenonville et Paris, place de la concorde. Les témoignages font été d’une foule importante, mélange de notables et de peuple, et sur la place, d’une mise en scène grandiose, avec des peupliers et la reconstitution d’une Ile.
**Marie Louise Joséphine Delphine de Rosières de Sorans (décembre 1766 – 26 octobre 1832Paris), seconde épouse du marquis de Clermont-Tonnerre. Ce dernier, arrêté puis relâché le 10 août 1792, il fut défénestré par des émeutiers en rentrant chez lui. De son épouse, il reste un beau portrait en sultane par Elisabeth Vigée-Lebrun. Dans les années 1780, on trouve trace de fréquentations entre la marquise de Clermont Tonnerre, Restif de la Bretonne, Chenier et La Reynière.

Dimanche 12
Séjour à Paris – halle, dépôt d’un panier chez M. Theurlot – Visite à M. Daigremont l’aîné et à Mme Ferrand, nouveaux détails intéressants sur divers interrogatoires du premier – Chaircutier rue S. Antoine, 12 cervelas crus à 3. M. Leconte coutelier*. Visite à M. Aze – tourneur marché neuf**, échelle en frêne de 12 pieds, soldée 18 – M. Batilliot***, solde de Fortia – M. Maradan, livres – M. Berthellemot***** – tourneur vient porter l’échelle avec moi rue de la Sonnerie chez un ferratier – Chez M. Aze, je reprends le panier de cervelas y déposé – halle, 150 œufs chez Theurlot à 15  - espoir de diminution pour le beurre – le (beurre) fin à 3, le beurre blanc de pays en livres 2.8 à 2.10 – M. Costel – retour au logis – Perruq – Bouillon – Dîner chez ma mère avec M. Fleury, M. Aze, M. Gay, M. Daigremont, et mad. – Ebriété gaîté vive de M. Aze, aimable douce de M. Fleury, concentrée des autres – visite de Mme la C.d. Duchesse de… reconnaissance, elle embrasse avec M. Aze, sans le connaître – en chambre avec M. Aze, plats d’étain – visite de MM. De Verneuil et d’Aigremont – Lecture en haut – souper par cœur avec mad. livres ficelés pour Fortia – Mad vient dans ma chambre en haut &c. coucher à 1h. ¼
*Le Comte, coutelier rue S. Honoré, n° 17, section du Roule.
** Le Marché neuf était situé sur l’Ile de la Cité
***Il y avait au 107 rue de la Harpe, près de la place Saint-Michel, première porte cochère, puis à partir de 1793 au 15 de la rue du cimetière St André des Arts en entrant par la rue Hautefeuille et rue Foin-Saint-Jacques, au coin de la rue Boutebrie, une librairie tenue par Batilliot ainé et son frère cadet Pierre-Louis-Sauveur.
Notice la BNF :  Libraire ; au Cap-Français, imprimeur des commissaires nationaux civils (1792) ; de la municipalité et du gouvernement (1792). - Semble avoir d'abord exercé au Cap-Français (auj. Cap-Haïtien) comme libraire (en compagnie d'un frère) avant juillet 1788, puis à partir de 1790 comme imprimeur sous la raison : "Batilliot jeune" ou "Batilliot et compagnie". Publie le "Moniteur général de la partie française de Saint-Domingue" du 15 nov. 1791 au 20 juin 1793. De retour à Paris, travaille de 1795 environ à oct. 1800 avec son frère aîné sous la raison : "Batilliot frères". Breveté libraire à Paris le 1er oct. 1812 (brevet renouvelé le 24 mars 1820).  
**** Claude François Maradan : Entré en apprentissage en mars 1787, il est reçu libraire dès le 22 déc. 1787. En faillite une première fois en août 1790 puis une deuxième en nov. 1803, sans doute sauvé par le succès de la première édition de l’Almanach des Gourmands. Fut l’éditeur et l’ami de La Reynière, et même son exécuteur testamentaire – mais La Reynière mourut après la mort de Maradan. De nombreuses références dans le du GRIHL à partir de la page 271.
*****Berthellemot : confiseur célèbre de la rue de la Vieille Boucherie, cité p. 245 du GRIHL localisé Maison Égalité (Palais Royal) en 1798 (Almanach du Commerce de Paris pour 1798)

Lundi 13
Séjour à Paris – Fabrique d’indienne* au Clos Payen**, Boulevards neufs, MM. Dubois frères, entrepreneurs, honnête réception – détail sur cet établissement, atelier d’imprimerie, gravure ; chaudière très beau cylindre – fonds qu’ils désirent – fabrique de pain d’épice, rue des amandiers** – Successeur de M. Varin, pâtissier au Puits Certain*** une tête de veau farcie, bien conditionnée, coûte 25 – M. Duchesne – M. Berthellemot – Magasin à prix fixe rue S. André des Arts, point d’indiennes – ensuite, M. rue de Bussy, vilaine à 22 – Gagne Petit***** de M. Bussenez rue du Colombier, très belle perse, de Jouy à 18  15 bien accommodant – Pot de chambre rue Jacob – retour au logis – dej – Dîner avec mad. – Perruq – double visite à ma mère avec mad. - Lecture en haut – visite à ma mère - souper avec mad. - coucher en haut à 1h. ½
* Une Indienne était un  tissu peint ou imprimé fabriqué en Europe entre le XVIIème et le XIXème siècle. Ces tissus sont généralement dans les tons de rouge à cause de la plante utilisée pour sa teinture : la garance dont on utilise la racine. Ces étoffes doivent leur nom au fait qu'elles étaient initialement importées des comptoirs des Indes. Ces toiles peintes, Indiennes ou Perses, répondant aux noms de madras, Pékin, Gourances, Damas ou Cirsacs étaient strictement interdites à l'importation à partir du XVIIème siècle. Par la suite, les Marseillais se mirent à produire eux-mêmes ces tissus qui prirent alors le nom d'indiennes de Marseille. En plus de Marseille, les principales manufactures d'Indiennes de France se trouvèrent à NantesMulhouseJouy-en-JosasRouenBourg-lès-ValenceBolbec...
**Le Clos Payen était un quartier situé sur la Bièvre entre Gentilly et les Gobelins :  le lieu où l’on blanchit les toiles à la faveur de la petite rivière des Gobelins qui y passe en plusieurs canaux entre le boulevard du Midi et le petit Gentilly (Guide du voyageur à Paris, 1789)
*** aujourd’hui rue Laplace, faisait partie de la section du Panthéon.
**** Célèbre pâtisserie qui sera souvent cité par la Reynière dans ses Almanachs des gourmands. Ses têtes de veau étaient particulièrement appréciées. Pendant que nous sommes dans le pays Latin, rendons visite à M. Cauchois ‘rue du Mont Saint Hilaire) qui a porté à leur plus haut degré de perfection ces admirables Têtes de veau du Puits-Certain, surnommées depuis longtemps l’Encyclopédie de la bonne chère, et dont une seule suffit pour satisfaire douze convives de bon appétit. La délicatesse de la farce, l’heureux choix des garnitures et la bonté des assaisonnements rendent ce mets particulièrement recommandable, surtout pour les réunions nombreuses. Il suffit d’un mot par la poste pour le faire arriver chez soi, et même dans toute l’étendue du département de la Seine. M. Cauchois est en outre un très bon Pâtissier ; ses pâtés froids, ses gâteaux d’amande, ses tourtes, etc. attestent un artiste intelligent et soigneux ; aussi sa boutique, malgré son éloignement du centre de Paris, est-elle toujours très achalandée (Almanach des gourmands, 6ème année, 1808). La tête de veau du Puits Certain figure en bonne place dans le frontispice de la 6ème année de l’Almanach des gourmands.
***** Au Gagne Petit, rue du Colombier, derrière l’Abbaye Saint-Germain, n° 35, ouvert par Buzenet Père & Fils en 1792, était un Magasin « de soieries, Draperies, Indiennes, toiles d’orange & de Jouy de toutes qualités, perses, toiles blanches, mousselines unies, brodées et rayées ; linon batistes ; Gazes ; Satins & Taffetas d’Italie ; à très-grand marché ».

Mardi 14
Séjour à Paris – M. Nouvelle – déjeuner philosophique et solide avec lui – souliers – Boulevard de l’Opéra, poulets de Caux – Mme Duce, robe portée – passage de la Marmite*, magasin de draperie rue Bourg l’Abbé – mercier agriministe** rue aux Fers, boutons – magasin de fontaines filtrantes - Visite à Mme Feyssier – M. Petit (en sortant ravaudeuse) – retour au logis – perruq – dîner avec mad. et M. de Verneuil – Seul, Comédie française  (moniteur) parquet ; on joue Le Dissipateur*** et Le bienfait de la loi****. Grand ensemble, belle exécution dans Le Dissipateur joué par Molé*****, Fleury, Dazincourt, Caumont, Mmes Contat, Devienne, Lange – talent admirable de Melle Contat – visite à M. Fleury dans sa loge, Billet qu’il me donne pour demain – retour au logis – visite à ma mère où est mad. – Souper avec mad – Lecture – coucher en haut à 1h. (visite de l’ancien évêque d’Alais****** avant dîner, libre depuis hier)
*Passage de la marmite : quartier de la rue Gravilliers rue phélippeaux
**Un mercier agréministe est spécialisé dans les ornements des parures des femmes. Les belles dames, dont la fantaisie commande ces ouvrages momentanés, susceptibles de variations infinies ignorent sans doute que les ouvriers qui façonnent les agréments dont elles ornent leurs robes, se nomment agriministes. (Sébastien Mercier, Néologie ou Vocabulaire des mots nouveaux, t. 1, 1801, p. 18). Par une ironie du destin, il y a un M. Mercier, mercier-boutonnier rue aux Fers n°542.
***Le Dissipateur ou l'Honnête-friponne, comédie en cinq actes, et en vers, par Philippe Nericault Destouches (1680-1754) joué pour la 1ère fois au Théâtre Français, 23 mars 1753. Destouches était un sous Molière à succès. Ses pièces sont oubliées, mais pas quelques unes de ses formules qui ont traversé les siècles :
Les absents ont toujours tort,
La critique est aisée, l’art est difficile (traduction d'un vers d'Horace, Ep. 1, 10, 24 : « naturam expelles furca, tamen usque recurret ») 
Chassez le naturel, il revient au galop
****Le Bienfait de la loi, ou le double Divorce, comédie en un acte, en vers, représenté pour la première fois le 5 vendémiaire an 3 (26 septembre 1794) au Théâtre de l’Égalité (ancien théâtre de l’Odéon), faubourg S. Germain, section Marat, de Forgeot.
***** François-René Molé (1734-1802) a débuté à la Comédie française en 1754, dont il fut sociétaire à partir de 1761. Arrêté dans la nuit du 2 septembre 1793 pour avoir joué dans Paméla, il fut enfermé aux Madelonnettes. S’il continua à jouer au Théâtre de l’Égalité, il se proclamait Républicain, et alla même jusqu’à publier un Misanthrope revu et corrigé à l’usage des comédiens du Théâtre National. Le Théâtre National, construit par Madame de Montansier au Palais-Royal et inauguré le 15 aout 1793, accueillit les membres « Républicains » de la Comédie française. Le citoyen Molé, jadis inimitable dans les jeunes premiers remplit maintenant les rôles à caractère et même ceux de vieillards. Non seulement il y soutient sa gloire, mais encore il semble avoir acquis un nouveau degré de supériorité. Nous citons à l’appui de cette opinion la manière étonnante dont il a créé Le Vieux Célibataire (à l’âge de soixante ans), nous n’avons rien vu au théâtre qui nous ait paru si parfait. (La nouvelle lorgnette des spectacles, par Fabien Pillet et aa., 1801, page 181).

Abraham Bénard (1750-1822) dit Fleury, entra à la Comédie française en 1774 et en devint sociétaire en 1778. Les personnes qui veulent avoir une idée exacte de son talent doivent le voir dans Le Conciliateur… Il (y) déploie tout ce qu’il a de finesse, de moëlleux, d’aimable…. Il atteint un degré de supériorité qu’aucun acteur ne pourra surpasser. (La nouvelle lorgnette des spectacles, par Fabien Pillet et aa.,  1801, page 103).

Joseph-Jean-Baptiste Albouy (1747-1809), dit Dazincourt est entré à la Comédie Française en 1776 et devint sociétaire en 1778. Il fut un célèbre Figaro. Cet Acteur a un talent formé, un jeu raisonné, beaucoup d'intelligence, de finesse & de vérité. Il est bon comédien, sans être farceur, & plaisant sans être outré (Mercure de France). Ami d’Alexandre dans les années 1780, il fut l’un des participants du fameux Souper du 1er février 1783 de même qu’il fut l’une des membres régulier du Jury dégustateur crée par Alexandre. Donc beaucoup de récurrences dans le GRIHL (dont pages 65, 79, 245, 249, 341, 348, 367) Comme Molé, il fut arrêté dans la nuit du 2 septembre 1793 pour avoir joué dans Paméla, il fut enfermé aux Madelonnettes. Ce fut un ami de La Reynière dès le début des années 1780 et il participa au fameux souper du 1er février 1783 (voir le GRIHL pages 81 et ss.). Acteur apprécié, malgré son fort accent marseillais, on disait de lui que c’est un bon comique, plaisanterie mise à part. Il ne manquait d’ailleurs pas d’humour. Chargé de donner des cours de diction à la reine, il répondit à la question que lui posa Louis XVI : il faut avouer, Majesté, que la Reine lit royalement mal. Son principal défaut ? C’est la manie de rire de ce qu’il a dit et de donner ainsi aux spectateurs le signal des applaudissements (La nouvelle lorgnette des spectacles, par Fabien Pillet et aa., 1801, page 68).

Thomas Caumont, entré à la Comédie-Française en 1794 ; 208ème sociétaire en 1799 ; retraité en 1809. Spécialisé dans les « rôles à manteau » dont le type est Bartolo dans Le mariage de Figaro, acteur de premier ordre selon l’auteur de La nouvelle lorgnette des spectacles, le site de la Comédie française indique plus sobrement qu’il est un acteur modeste, juste et apprécié du public.

Louise Contat (1760-1810) fut une des actrices majeures du Français. Sa vie est un roman : voir ici. Lors de la scission de la Comédie française, elle suit la faction des aristocrate installée au Faubourg Saint Germain (théâtre de l’Odéon, renommé Théâtre de la Nation puis Théâtre de l’Égalité) Mademoiselle Contat à la figure belle et noble, Le regard vif et plein d’esprit, les manières faciles, le maintien décent et gracieux. Sa diction toujours juste ne permet jamais de soupçonner l'art, elle ne laisse échapper aucunes des intentions de l'auteur, et ses intonations sont si habilement nuancées, elles coïncident si parfaitement avec l'idée à exprimer, que son débit à toujours l'air d’être impromptu et qu’on ne peut supposer une autre manière de dire. (La nouvelle lorgnette des spectacles, par Fabien Pillet et aa., 1801, page 56) Sa sœur, Émilie Contat (1770-1846), elle aussi membre de la Comédie française eut une carrière beaucoup moins prestigieuse, mais fut une amie proche de La Reynière – elle fut une « Sœur » invitée aux séances du Jury dégustateur.

Melle Devienne Entrée à la Comédie-Française en 1785 ; 185ème sociétaire en 1799 ; retraitée en 1813. En concurrence avec Melle Joly, jouait à merveille les rôles de soubrettes. Incarcérée le 3 septembre 1793 à Sainte-Pélagie, elle rejoint à sa sortie la faction des Républicains, au théâtre de la Montansier. Nous aimons à le répéter, cette actrice est essentiellement comédienne, et son talent est digne des plus beaux jours de la scène française (La nouvelle lorgnette des spectacles, 1801, par Fabien Pillet et aa., page 79).

Anne-Françoise-Élisabeth Lange (1772-1825), dite Mademoiselle Lange est une autre actrice majeure du Français, elle aussi de la faction des aristocrates. A force d’amants et finalement d’un mariage avec un fortuné fournisseur aux armées, Michel Simon, elle mit un terme théâtral à sa carrière en 1797. Elle fut aussi une des plus célèbres « Merveilleuse » du Directoire. Elle remplissait avec beaucoup de succès les rôles de jeunes amoureuses. Sa figure de vierge, la douceur de son organe, les grâces de son maintien et le ton sentimental de sa diction, tout en elle, jusqu’à son petit air hypocrite, convenait parfaitement à son emploi. (La nouvelle lorgnette des spectacles, 1801, par Fabien Pillet et aa., page 144). Elle apparaît comme personnage principal de La fille de Mme Angot, opéra comique de Charles Lecoq (1872).

******Il s’agit de Louis-François de Bausset, né à Pondichéry en 1748 et mort en 1824 à Paris, cardinal et homme de lettre, dernier évêque d’Alais (Alès). Il s’opposa à la constitution civile du clergé, émigra en 1791, revint à Paris en 92 et fut emprisonné pendant la Terreur. La Reynière nous apprend qu’il a été libéré le 13 octobre 1794. Louis-François de Bausset pourrait être le beau-frère de Justine de Jarente, sœur cadette de Suzanne de la Reynière, et oncle de François de Bausset que nous avons croisé en septembre.

Mercredi 15
Séjour à Paris – avec Trésor* à La Vallée, cochon de lait chez le marchand rue S. André des arts – aimable petite truie coupée à 55 – M. Batilliot** – M. Dessaq*** – visite à M. Pons de Verdun**** – M. Berthellemot – Commissionnaire en sucre – Marchande Lingère – Place Baudoyer conversation sur le commerce  - Café cuisinier déjeuner – M. Cordeil rue de la Sonnerie*****, échelle ferrée – M. Dupont******, argent à 120  - M. Cléry, Vallat la Chapelle à 108 (…) – Gagne petit ; bas de soie – Bouquetière aux Tuileries – retour au logis – surprise, cadeau et bouquet à mad.******* – Dej. – dîner avec mad. – Visite de Mme Perdu, dessert avec elle – Perruq – Visite de M. Dugera – Promenade avec mad. au Palais Royal- glaces au Café de Foy – M. Petit – Reconnaissance avec M. Lavan, ancien avocat aux conseils – espoir qu’il me donne pour la terminaison de nos affaires – retour au logis – visite à ma mère avec mad. Sa  mauvaise humeur – Certificat de civisme******* de M. Daigremont – Souper avec mad. – coucher en haut à 1h ½
* Trésor est un des chiens de Suzanne de la Reynière
** Il y avait au 107 rue de la Harpe, près de la place Saint-Michel, première porte cochère, puis à partir de 1793 au 15 de la rue du cimetière St André des Arts en entrant par la rue Hautefeuille et rue Foin-Saint-Jacques, au coin de la rue Boutebrie, une librairie tenue par Batilliot ainé et son frère cadet Pierre-Louis-Sauveur.
Notice la BNF :  Libraire ; au Cap-Français, imprimeur des commissaires nationaux civils (1792) ; de la municipalité et du gouvernement (1792). - Semble avoir d'abord exercé au Cap-Français (auj. Cap-Haïtien) comme libraire (en compagnie d'un frère) avant juillet 1788, puis à partir de 1790 comme imprimeur sous la raison : "Batilliot jeune" ou "Batilliot et compagnie". Publie le "Moniteur général de la partie française de Saint-Domingue" du 15 nov. 1791 au 20 juin 1793. De retour à Paris, travaille de 1795 environ à oct. 1800 avec son frère aîné sous la raison : "Batilliot frères". Breveté libraire à Paris le 1er oct. 1812 (brevet renouvelé le 24 mars 1820).  
*** Sans doute M. Desray, rue Hautefeuille, n°4. Libraire ; éditeur et marchand de cartes et d'atlas. - En apprentissage à Paris à partir de juillet 1785. Reçu libraire le 30 oct. 1787.
**** Philippe-Laurent Pons de Verdun (1759–1844), avocat puis homme politique avant d’être proscrit comme régicide en 1818, il fut un des premiers compagnons de frasques d’Alexandre (GRIHL pages 65, 88, 140 et 244) et un des rares à lui rendre viste durant son exil dans l’Abbaye de Domèvres (Lettre à Restif de la Bretonne du 20 novembre 1786 : Parlez-moi du peu d’amis qui me restent, de ceux sur lesquels vous croyez que je puis compter. Vous allez en voir un dont je fais grand cas ! M. Pons de Verdun. Vous avez su, sans doute, qu’il est venu passer avec moi huit jours. Il repart aujourd’hui de Verdun, pour retourner à Paris. Il ira sûrement vous voir. Vous ferez ensemble le tour de l’Ile, & vous parlerez de moi.
*****Cordeil, ferrailleur rue de la Sonnerie n°5.
****** Il s’agit peut-être de François Dupont, orfèvre, dont la boutique était au … 4 rue des orfèvres (Almanach du commerce de Paris pour 1798).
******* C’est donc l’anniversaire d’Adélaïde Thérèse Feuchère. La Reynière lui fête ses 26 ans (il en a dix de plus).
********Pendant la Révolution française, le certificat de civisme était délivré à Paris par le Conseil général de la Commune de Paris, il attestait que celui qui l'avait en sa possession avait rempli ses devoirs civiques : une attestation de bonne conduite et d'orthodoxie politique en quelque sorte. Il était principalement délivré aux responsables des affaires publiques. Beaucoup demandèrent ce certificat sous la Terreur. En vertu de la Loi des suspects, votée le 17 septembre 1793, les personnes à qui on ne l'avait pas donné étaient susceptibles d'être arrêtées. Il fut supprimé au début de septembre 1795.

Jeudi 16
Séjour à Paris – Lettr. – M. Bignon* – Libr. Porte du Louvre – id. passage S. Germain – M. Roggen** – M. Dupin, sorti, je laisse les couverts ; M. Cardaillon, parfumeur rue S. près celle d’Avignon, corps de poudre – visite à M. Aze – Epicier rue des Lombards, point de poivre mign. – M. Duval – Halle – Epicier poivre et câpres, et colle de poisson – Marchande Prie, fruits, reconnaissance avec M. le Comte ancien avocat – M. Theurlot, Beurre fin à 56s – artichaux – Marchande Prie, céleris, carottes – Cloître S. Germain et Porte du Louvre, je prends mes livres (en allant, visite à M. Neveu, sorti) – retour au logis, bien chargé – Dej. – dîner avec Mad. et M. Santerre et M. Neveu – visite de M ; Daigremont – Perruq – visite de M. Lemore – Lecture en haut – chambre  - Visite à ma mère, Souper avec mad et M. Santerre – coucher en haut à 1h.
*M. Bignon est répertorié comme épicier rue du Fbg Montmartre, n°89 (Almanach du commerce de Paris pour 1798).
** M. Roggen est répertorié comme horloger, carrefour de l’École, près le Pont Neuf, section du Museum

Vendredi 17
Séjour à Paris – Porte de M. Daigremont – Hôtel des Américains*, pâtés de Nerac de trois perdrix rouges coûtent 45 – M. Cadet et M. de Rosne, essence de rose de Madame Prudent achetées par eux – M. de Presle – M. Dupont, sorti – M. Cordel, étouffoir et croc garni – Pont au change – Rue de la v. draperie, plus de thé – M. Berthellemot – M. Batilliot – M. Maradan – Marchand de volaille rue S. André – M. Maille, moutarde – gigot place du Pont S. Michel – M. Armet*** outils belle boite d’outils en acajou 350 une autre en noyer à 200 – M. Dupin, solde des 4 cuillères et de la cuillère à soupe pesant 4 ml 4d à 120 le marc. – Halle, beau bœuf – M. Petit – Retour au logis – Dej – visite au Poussalon** porte de la garde-robe décondamnée, déplatrée – Dîner avec mad. – Perruq. avant dîner – visite au poussalon – visite de M. Gay et de son frère mis en liberté – Lecture et écriture en haut – mad. bien malade – Visite à ma mère – souper avec M. Gay détails sur Lyon et sur son arrestation- Lecture – coucher en haut -
*l'Hôtel des Américains, 137 rue Saint-Honoré, près celle de l'Oratoire, faisait table d’hôte, épicerie fine et vente de vins, réputée pour ses produits d’importation, lieu hautement apprécié de La Reynière, qu’il citera de nombreuses fois dans ses Almanachs. C’était le Hédiard de l’époque. On continue de trouver à l’Hôtel des Américains, cette métropole de la Gourmandise la plus recherchée, les meilleurs vins fins de la France et de l’étranger tant pour les entremets que pour les desserts. Les correspondants fidèles qu’a cette Maison dans toutes les contrées tributaires de notre sensualité sont les garants assurés de l’excellente qualité de ses vins. Les meilleurs crûs de Bordeaux, de la Champagne, de la Bourgogne, des Côtes du Rhin, du Roussillon, de l’Espagne et de la Grèce, fournissent à se assortiments ; et le consommateur, bien sûr de n’être trompé sur l’origine et sur la qualité de ces divers nectars peut y recourir avec une aveugle confiance. (Almanach des Gourmands, huitième année, 1812,page 215). Il faut savoir que La Reynière critiquait les marchands de vins parisiens de voleurs et de frolateurs, ne citant qu’une poignée d’entre eux, dont l’Hôtel des Américains, comme fiables. On trouve toujours à l’Hôtel des Américains, rue  Saint-Honoré, n°137, non seulement les chocolats des meilleures Fabriques étrangères, mais du Chocolat façon de Bayonne, fabriqué dans cette Maison, d’une excellente qualité, et digne de toute confiance. Ces Messieurs en font un très grand débit. (Almanach des Gourmands, septième année, 1810, page 267)
** Sans doute une erreur de transcription de M Johnson, pour désigner une des pièces de l’hôtel de la rue de l’Élysée, sur laquelle des sceaux avaient été apposés lors des saisies de janvier et février 1794 à la demande des créanciers de Laurent de la Reynière. On apprend ici que certaines pièces furent murées plutot que scellées.
*** Armet, quincailler rue de la Barillerie, n°37, section de la cité. La rue de la Barillerie commençait quai de l’horloge et finissait quai des Orfèvres. Supprimée lors da la construction du boulevard du Palais en 1858, elle devait son nom aux barils de vins qui y étaient fabriqués.

Samedi 18

Séjour à Paris – Dégraisseur rue des fossés S. Germain l’Auxerrois* – M. aux Provençaux rue de l’arbre sec** ; huile promise pour lundi – Vallée, dinde, oie, perdrix – M. Batilliot – M. Maille, moutarde – Vallée, oie et dinde emportées – halle, choux fleurs – fruits – beurre, fromage – retour au logis – Gibier et volaille à ma mère – Perruq – Dîner – avec mad. – M. Hennin, ancien résident à Genève et chef de bureau aux affaires étrangères – M. Santerre – M. Dugua et M. Daigremont – bon petit dîner – conversation intéressante – Vers de M. Santerre – visite à ma mère – Souper avec mad. et M. Santerre – Lecture – coucher en haut à 1h ½
*Develaine, dégraisseur au n°224 de la rue des Fossés-Germain.
** à lire sans doute : « Marché aux Provençaux ». On trouve chez les Provençaux, au cul-de-sac Saint-Germain rue de l'Arbre-Sec, des orangers, des citronniers, des jasmins, des Mirthes et des oignons de Tubéreuses, de Narcisses de Constantinople, de Hiacinthes Orientales, de Lis Alphodelles, de Martagons Pomplions, etc. On y trouve quelquefois des mortadelles et des saucissons de Bologne. Les Provençaux du cul-de-sac de l'Arbre-Sec vendent en gros des fromages de Rocfort, olives, anchois, vin de Saint-Laurent, figues, raisin, brugnons, amandes et autres fruits secs de Provence. (in : Livre Commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1, page 280 et page 302)
https://www.paris-pittoresque.com/rues/25.htm où il est aussi question d’un M. Daigremont collectionneur de tableaux

Dimanche 19
Séjour à Paris – Visite d’un marchand de tableau place des Victoires*, envoyé par M. Santerre - revue ensemble des dessins et estampes –Dej avec lui – continuation de l’examen – Ses offres acceptées à 3600 livres payées dans 8 jours – Perruq – Mad dans son lit – Dîner seul avec ma mère – visite en bas de M. de Saugeron – en chambre lect. – visite de ma mère- de M. Neveu – Lecture en haut – visite à ma mère – Souper avec mad. et M. Gay qui ne soupe pas – Lecture – coucher en haut à 1h ¼

Lundi 20 octobre
Séjour à Paris – Dégraisseur rue des Fossés S. Germain – Epicier du de l’arbre sec aux provençaux - Marchand de boutons de grès, id. – Epicier id. huile d’olive à 5 – M. de Presle, habit essayé, va bien, solde de son mémoire -. M. Dupont, couteaux vendus à 116  le marc – M. Cordel – Pont aux changes – M. Armet outils – M. Batilliot – M. Dessaq, sorti – Marchande de volaille rue S. André, la même à la Vallée – son promis pour après demain – Vallée, perdreaux – id. champignons trop chers – Pont Neuf, neuf carafes trop chères – Chataignes id. – M. de Presles, habit emporté – Épicier rue de l’arbre sec huile emportée – M. Bignon – dépôt de l’huile – Muséum – M. Bignon, je laisse l’huile – Mme Ribert, Boissel. Marché des 15/20, tiroir de crin – Rencontre de M. Gay – Epicier rue S. Honoré près les Feuillants – vermicel, macaroni à 4 – ravaudeuse – retour au logis – dîner avec mad. visite au cochon – Perruq – Lecture en haut – Visite de M. L’ancien évêque d’Alais – de MM. Santerre Dugua de Verneuil – Lecture en haut – Visite à ma mère – J’y trouve M. et Mme de … – Souper avec mad. – Lecture en haut – Coucher en haut à 1h ½


Mardi 21
Séjour à Paris – Serrurier, petite réparations, clés essayées – Cuisine, préparation de l’oie – M. Trianon, solde – Chaircutier – voisin, lard à 40, chair à saucisses à 2,8 -  retour au logis – Serrur. Visite au Poussalon – visite de M. Neveu – qui mène mad. au museum – Marché d’Aguesseau, céleri, ail, échalottes – M. Laurent* tourte de frangipane – retour au logis – Perruq.- Dîner avec mad. M. Neveu et M. Granet – très bon dîner bourgeois – visite de M. Gay – expédition avec lui – Lecture en haut – visite à ma mère – Mad. s’y rend – Souper par cœur, visite de M. Gay l’ainé – Lecture et coucher en haut à 1h ½
*M. Laurent, pâtissier rue du fbg S. Honoré, n°17

Mercredi 22 – 1er brumaire
Séjour à Paris – M. Vilenne dégraisseur – M. de Presle tailleur – Vallée, son – M. Batillot, son déposé – M. Berthellemot – Libr. pont N. d. Comédie – Marchande de volaille Boulevard de l’Opéra – Visite à Mme de Vauruisseau – Halle, artichaux, oignons, beurre  - retour au logis – Dîner avec mad. M. Gay et Mme Bouvet – Débagagement de l’entrepôt avec M. Gay – Lecture en haut – visite à ma mère – Souper avec mad. et M. Santerre – Lecture en haut – coucher à 1h ½

Jeudi 23
Séjour à Paris – chez M. Gay ensemble Cave du vin de liqueur, vin choisi pour ma mère – M. Barbeau*, coutelier rue S. Honoré, couteaux à repasser – Boulevard de l’Opéra, marchande de volaille, poulet de Caux. – Halle, celeri, raie, bœuf et mouton – Visite à M. Dazincourt – retour au logis – Dej - Perruq – Dîner avec mad. et M. Santerre – Seul, parquet de la Comédie française , où l’on joue Le Conciliateur** et Le Mariage Forcé*** – Jeu délicieux de MM. Fleury, Molé, Dazincourt, Contat &c.  Bel ensemble dans la 2ème  pièce surtout – Loge de M. Fleury  - retour au logis – visite à ma mère où je trouve mad. – Lecture en haut – Coucher idem à 2 heures.
* Barbeau, répertorié comme quincailler quai de la Mégisserie n° 23 et 35.
** Le Conciliateur ou l’Homme aimable, comédie en cinq actes et en vers représentée la première fois sur le Théâtre de la Nation, le 29 septembre 1791, par Charles Albert Dumoustier.
***Le Mariage forcé :  comédie-ballet en un acte et en prose de Molière et Lully, représentée pour la première fois au palais du Louvre, par ordre de sa Majesté le 29 janvier 1664, et donnée ensuite au public sur le Théâtre du Palais-Royal le 15 février 1664 par la troupe de Monsieur, frère unique du Roi.

Vendredi 24
Séjour à Paris – M. Batilliot – M. Dessaq – M. Berthellemot, pastilles transparentes – M. Maille, reconnaissance avec l’ancien domestique de Melle Quinault* aujourd’hui portier du Parc de Meudon à Fleury – M. Batilliot, panier de son y déposé et emporté – retour au logis – Dej – Dîner avec mad. – Perruq – visite de M. Daigremont – en haut avec mad &c. &c. – Lecture – visite à ma mère avec mad. – Visite de M. Neveu après dîner – Souper avec mad. – Lecture en haut – Coucher à 1 heure.
* Melle Jeanne Françoise Quinault (13.10.1699 – 18.01.1783), dite Quinault la cadette, qui fit les beaux jours de la Comédie française dans les années 1710-1740. Cultivée et brillante, elle fréquente les littérateurs de son temps, Voltaire, Destouches, Marivaux... au sein d'un petit cercle littéraire et mondain baptisé « Société du bout-du-banc, lit-on dans la chronique de la Comédie française – Société du bout du banc, car on se disputait ses faveurs à tout prix, fût-ce celui d’être assis au bout du banc. Habituée du salon de Suzanne de la Reynière, elle contribua activement à l’éducation culturelle et sentimentale d’Alexandre. C’est aussi elle qui lui a donné le goût des actrices et des assemblées festives et légèrement décadentes, et c’est d’ailleurs à elle qu’il dédia son fameux Souper du 1er février 1783. Elle était décédée quinze jours avant, dans le plus grand silence de la presse de l’époque.

Samedi 25
Séjour à Paris – Serrurier* rue Froidmanteau, sorti – M. Vilenne – M. de Presle – M. Rousseau* coutelier rue S. Honoré, tire-bouchon ciseaux – retour au logis – Dej – Perruq – Dîner avec mad. et M. Neveu, qui vont tous deux au théâtre de la rue Feydeau – visite de MM Daigremont et Gay – et le matin, M. Daigremont et Mme d’Ourches*** – Lecture en haut – Visite à ma mère – Mad. s’y rend – Souper avec mad. – Lecture en haut, coucher id. à 1h ¼
* Gosselin, serrurier rue Froidmanteau, n°205.
** Dans la 2ème année de l’Almanach des Gourmands, La Reynière consacre un long passage traitant des « rapports intimes qui existent entre la Coutellerie, et la table et la cuisine. »  Le couteau est l’arme du cuisinier, le plus bel ornement de sa personne et la marque distinctive de sa dignité…. (pages 244 et ss.).  Quoique les couteliers ne soient pas rares à Paris, il en est peu sur l’excellence de la trempe desquels on puisse compter (…) Nous citerons comme l’un des premiers en ce genre, M. Rousseau, rue Saint Honoré, vis-à-vis l’ancien hôtel de Noailles (…). M. Rousseau qui a pris le fonds de M. Dauvergne, et qui en soutient la gloire, est sans contredit un des meilleurs Couteliers de Paris pour tout ce qui a rapport à la table et à la cuisine, ce qui n’empêche pas qu’il ne fabrique aussi d’excellents rasoirs à coulisse et autres, très-utiles aux Gourmands qui sont toujours jaloux de montrer une barbe bien faite lorsqu’ils vont dîner en ville. Tout ce qui sort de cet atelier est d’une trempe très douce et d’un fini précieux.
*** Nièce de Suzanne de la Reynière.

Dimanche 26
Séjour à Paris – Visite intéressée – M. Armet, tournevis – Serrurier rue Fromanteau – mouton vis à vis S. Louis du Louvre – retour au logis – Dej – Perruq – Dîner chez ma mère avec mad. et Mme d’Ourches, M. Neveu, M. de Langeron, M. Daigremont – bon et triste dîner – après visite au salon de M. Lecocq, de Mmes de Villemomble, de S. Sylaire, de M. Viskovitz, et M. d’Onnezan – Lecture en haut – Souper par cœur avec mad. – visite à ma mère (avant) visite de M. Gay l’aîné – Conversation très intéressante sur la maison Fizeau de S. Quentin – Lecture et coucher en haut à 2 heures
*Maximilienne Baudot de Sainneville, épouse divorcée de Charles d’Ourches, nièce de Suzanne de la Reynière et que cette dernière hébergeait rue de l’Elysée. Toutes deux furent emprisonnées à la prison des Piques le 2 ventôse de l’an II de la République. Quand Suzanne fut libérée le 22 aout, Maximilienne fut transférée au Luxembourg, et, selon les historiens, libérée le 24 brumaire (14 novembre). Il semble donc qu’elle ait eté libérée plus tôt. 

Lundi 27
Séjour à Paris – ravaudeuse M. Buzenet, toile de Jouy à 18.15 – M. Dupont, lame vérifiée – Marché au fruit, sébilles de bois – M. de Presle, pantalon repris – Dégraisseur, habits rapportés – retour au logis – Dej – Dîner avec mad. – Perruq – visite de M. Neveu , de Mme Lecocq – Lecture en haut – Mad vient m’y joindre &c. Lecture en haut – en chambre – visite de M. Santerre – Visite à ma mère – Souper avec mad. et M. Santerre – Lecture et coucher en haut à 2h.

Mardi 28
Séjour à Paris – rencontre de M. Fleury en allant chez lui – Vallée, perdreaux, alouettes – M. Cornillon, marchand de tableaux place des Victoires, le même rue Plâtrière, beau magasin de tableaux et curiosités – Solde – M. Vaugeois Singe Vert* – des aiguilles à tricoter – marchand de laine rue des Lombards – M. Petit – retour au logis – Dej – Dîner avec mad. – Perruq – avec mad. cafarn. Et lecture en haut – Visite de M. Hennin – visite à ma mère avec mad. – Visite avec elle à MM. Gay – Souper avec mad. et M. Gay l’aîné - &c. Lecture et couché en haut à 1.½
* Bernard François VAUGEOIS était marchand tabletier et fabricant à l’enseigne du Singe Vert dont La Reynière parlera dans quasi toutes les éditions de l’Almanach des gourmands. « M. Vaugeois, rue des arcis, toujours l’orfèvre des Philosophes, vient d’être nommé Singe vert du Jury dégustateur. C’est assez dire que tout ce qui sort de ses ateliers est parfaitement bien traité. Aucun Singe noir rouge, bleu ou violet même, etc. aux yeux impartiaux des vrais connaisseurs. » Almanach des Gourmands, 6ème année, page 301. Selon une notice d’Artcurial : « François Vaugeois est installé aux Halles, 176 rue des Arcis dans le quartier où sont réunis les artisans de cette corporation. Son enseigne au Singe Vert est curieusement similaire à celle de son confrère Martin Guillaume Biennais le Singe violet, qui lui a ouvert boutique près des Tuileries. », ce qui permet de comprendre l’allusion d’Alexandre au Singe Violet : il n’apprécie guère l’art de M.G. Biennais  « fournisseur officiel du Premier Consul devenu Empereur, notamment pour les pièces d'orfèvrerie » tandis que « Vaugeois jouit d'une riche et prestigieuse clientèle. La baronne d'Oberkirch dans ses Mémoires sur la cour de Louis XVI et sur la société française avant 1789 mentionne son passage le 25 juin 1784 au Singe Vert, tabletier en vogue de la rue des Arcis (…). Le 17 février 1786 elle fait de l'endroit, où il y a toujours foule de beau monde, son but de promenade. »

« Le tabletier est celui qui a " L'art de faire toutes sortes de pièces délicates au tour et autres menus ouvrages en ivoire, écaille et bois précieux tels que jeux de trictrac, dames, échecs, tabatières, peignes… ". Les statuts de la corporation ont été renouvelés par une ordonnance de septembre 1741 : la communauté comprend dès lors les " maîtres et marchands peigniers, tablettiers, tourneurs, mouleurs, piqueurs, faiseurs et compositeurs de bois d'éventails, marquetteurs, tourneurs et tailleurs d'images d'yvoire et enjoliveurs de leurs ouvrages ". Ils ont le droit de fabriquer des bois d'éventail, des jeux, des dés, des croix, des tabatières, des peignes d'ivoire, d'écaille ou de buis. L'édit royal de 1776 les réunit aux luthiers et aux éventaillistes. »

Mercredi 29
Séjour à Paris – opération avec M. Gay – Sortie avec mad. je la laisse rue Platrière – Marchands de laine rue des Lombards – halle, artichauts, céleri, carottes bœuf – M. Rousseau, coutel – retour au logis – Déjeuner – Perruq – Dîner seul avec ma mère, M. Gay, M. Fleury, M. Dupin* député, et Melle…. amenée par Dupin -  Espérances données par lui, son humanité, détails sur divers membres et factions de la Convention – Visite de M. et Mme de Saisseval** – remontée en chambre où mad. avait dîné seule – conclusion de l’opération avec m. gay et Mad – descente de tous trois chez ma mère – Visite en bas de M. Neveu – Souper avec mad. et M. Neveu – Lecture et coucher en haut à 1h½
*  Charles André Dupin (1758-1843), magistrat et homme politique. Élu député de la Nièvre en septembre 1791, son monarchisme lui valu d’être emprisonné à Nevers puis à Clamecy en 1793. Il fut libéré en janvier 1794 avoir été déclaré bon citoyen par acclamation populaire. A ne pas confondre avec un autre Dupin cité à plusieurs reprises dans le Journal, coutelier avec qui La Reynière est en fréquentes affaires.
**On trouve des traces d’un M. de Saisseval, diplomate et cousin d’Armand-Marc de Montmorin, secrétaire d’État aux Affaires étrangères entre 1789 et 1791 notamment dans une lettre à adressées à Louis XVI après la journée du 6 octobre 1789, dans laquelle il l’assure de la soumission aux lois, l’horreur des factions, un attachement inviolable à Votre Majesté, tels sont les principes dont je suis animé (voir ici). Ce monsieur de Saisseval pourrait aussi être l’associé de Laurent Grimod de La Reynière dans une opération de spéculation impliquant un banquier genevois, Emmanuel Haller, et un banquier génois, Dominique Serra. Cette opération, initiée en Aout 1789 causa bien dé déboires aux La Reynière, déboires financiers et aussi juridique, et aussi à M. de Saisseval, qui, en 1809  se plaint du préjudice qu’il a subi et du tratement favorable accordé à La Reynière : « Monsieur de La Reynière a été assez heureux pour se voir couvert avec avantage des sommes que son père avait fournies au sieur Haller pour l’opération de Gênes... À mon égard, le Sieur Haller m’a fait payer, pour cette même opération, une somme de 70.000 francs que je ne devais pas. » Les procès durèrent jusqu’en 1817 et de Saisseval ne récupéra jamais ses 70.000  livres. Cette affaire est brièvement relatée pages 348 et 349 du GRIHL.) Pour pus de détail, voir ici (Mémoires, plaidoyers et consultations de 1807 à 1817, par André-Marie-Jean-Jacques Dupin).


Jeudi 30
Séjour à Paris – Sortie avec M. Gay – chez Darnaq ancien fermier général place Vendôme, sorti – seul – grainier rue de Viarmes , vesce* à 7.10s. le boisseau – marchands de laine rue des Lombards** – halle, beurre, merlans - Grainier – je prends la vesce dans un sac prêté de confiance – M. Rousseau, couteaux – Retour au logis – Dej – Dîner avec mad. – Perruq – Lecture en haut – Visite de MM. Santerre  et Gay l’aîné – Visite à ma mère – Souper avec mad. et M. Santerre – Lecture et coucher en haut à 1h. ½
* fève du genre vicia faba. Il y avait trois grainetiers rue de Viarmes : Dupont au n° 35, gaillourdet au n° 9, et Paul au n°12.
** Il n’y avait pas moins de cinq marchands de laine rue des Lombards.

Vendredi 31
Séjour à Paris – Lettre – M. Trianon solde – Lettre mise chez M. Darnaq – halle au blé, grainier remise du sac – promenade infructueuse – visite à M. Dazincourt rue de Richelieu – il me présente à Melle Dubrossu – rencontre chez lui d’un de ses anciens amis, que j’ai connu autrefois, nous cheminons ensemble jusqu’au bout de la rue Dauphine – Jeu de Paume de Bergeron -,je vois jouer les C.C.Dupin, Fleury, Vigny – retour au logis – Dej – Dîner avec mad. et M. Gay l’aîné – Perruq – toilette de mad. visite ensemble chez mamère, bois beau thé avec elle, Mmes de Villimomble, Caze de Méry, d’Ourches – MM. de Langeron, Vitzkowitz et Neveu et Mme Grimod et M. Gay l’aîné – excellent petit four – j’égaye un peu cette société sérieuse – Souper avec mad. Lecture et coucher en haut à 3h.

Voilà pour le mois d’octobre.
D’ici novembre, si vous ne l'avez toujours pas fait, vous pourrez lire Grimod de La Reynière, Itinéraires d’un homme libre, en vente ici, en version papier et en version numérique pour une somme dérisoire. Il est vrai, j'insiste, mais c'est pour votre bien.



ou bien son délicieux Dictionnaire gourmand, en vente .

Le Dictionnaire Gourmand de M. de La Reynière




Et si vous avez envie de découvrir un personnage nouveau, lâchez tout et lisez La femme sans prénom, c’est ici! Distractif et instructif !




Bonnes lectures!









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