Aujourd'hui : la recette des pigeons aux petits pois.
Pour La Reynière, le mois
de juillet est le mois des pigeons.
Ils sont alors au faîte de leur succulence,
surtout s’ils sont accommodés aux petits-pois. Ce mets est à servir les yeux
fermés sauf si vus aves des invités russes. En effet
Par un préjugé superstitieux emprunté aux Byzantins, Les
Russes de toute classe se refusent toujours opiniâtrement à manger de la chair
de pigeon, et c’est, disent-ils, en témoignage de considération pour les
colombes et de vénération pour la Pentecôte. On n’ignore pas la déconvenue d’un
ambassadeur qui avait rassemblé tous les grands-officiers de la couronne de
Russie pour un dîner d’apparat, et dont les convives ne voulurent pas même
déplier leurs serviettes, parce que des valets s’étaient dit entre eux que
cette Excellence de juillet n’avait pas voulu défendre à son cuisinier d’employer
des pigeons pour la confection de ce grand repas, ce qui fut considéré comme
une offense à la dignité nationale ; et nous en concluons que lorsqu’on dîne
avec des Russes, il est toujours prudent et poli de ne pas leur offrir du
pigeon.
A cette réserve près,
voici comment préparer d’excellents pigeons aux petits pois :
Pigeons au petits pois
Prenez trois ou quatre pigeons, suivant qu’ils sont gros ;
échaudez-les et les faites blanchir ; mettez-les dans une casserole avec
un bon morceau de beurre, un litron de petits pois, un bouquet de persil,
ciboule ; passez-les sur le feu et mettez-y une pincée de farine ; mouillez
avec un verre d'eau, faites cuire à petit feu ; quand il n'y a plus de
sauce, vous y mettez un peu de sel fin, une liaison de deux jaunes d'œufs avec de
la crème ; faites lier sur le feu sans bouillir, et servez à courte sauce.
Si vous voulez les servir au roux, vous y mettrez un peu plus
de farine, et mouillerez moitié jus, moitié bouillon ; laissez cuire et réduire
jusqu'à ce qu'il n'y ait que peu de sauce bien liée, et vous y mettrez le sel un
moment avant de servir, et gros comme une noisette de sucre.
Source : Almanach des Gourmands, 1ère année,
et Néo-physiologie du Goût par ordre
alphabétique, 1839.
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