vendredi 15 décembre 2017

Bientôt Noël et son réveillon

Dans neuf jours, ce sera Noël, pour les Gourmands, la sortie d'un long jeûne pour cause d'affaires publiques ou familiales. Alors que la littérature abonde en récits de Noël avec Papa Noël, la cheminée entourée de godasses plus au moins dépareillées, et les enfants qui attendent, excités comme des puces, dans un salon qui va bientôt ressembler au rayon Enfants du Printemps, La Reynière nous élève, une fois de plus, avec un aparté désormais historique, son sujet de prédilection : les méfaits de la Révolution française en ce domaine comme dans d'autres.

Nous laissons aux érudits le soin de déterminer l'époque précise à laquelle l'usage des Réveillons s'est introduit parmi les Chrétiens ; et, nous renfermant dans notre objet, nous nous bornerons à observer que ce repas a cela de particulier et même d'unique, que ce n'est ni un déjeuner, ni un dîner, ni un goûter, ni un souper, ni une halte : c'est un RÉVEILLON, ce mot dit tout; aussi ne le fait-on qu'une fois par an, dans la nuit de Noël, c'est-à- dire, le 25 décembre entre 2 et 3 heures du matin.

Tant que les Jacobins et le Directoire, qui leur a succédé sans les faire oublier, ont régné en France, la Messe de minuit y était interdite ; le Réveillon s'y trouvait par conséquent proscrit, au grand regret des rôtisseurs et des charcutiers, qui n'ont pas été des derniers à se réjouir de la Révolution du 18 brumaire de l'an 8, qui, en permettant à la Religion de renaître, a, par une conséquence nécessaire, ressuscité tout d'un temps le règne des Mœurs, du bon ordre et celui des Réveillons.

Et Alexandre continue sur un des bienfaits de la religion catholique : la longueur des cérémonies religieuses de la nuit de Noël favorise, paradoxalement, le 7ème péché capital, celui de la gourmandise.  

Ce repas, qui mériterait plutôt le nom de restaurant que celui de Réveillon (car il y a longtemps qu'on est levé, et l'on n'a pas ordinairement envie de dormir lorsqu'on le commence ), a été imaginé pour réparer les forces des fidèles, épuisées par une séance de quatre heures à l'Église, et rafraîchir leurs gosiers fatigués à force d'avoir chanté les louanges du Seigneur. Car la grand'Messe de minuit est précédée des trois nocturnes de Matines, du Te Deum, et suivie des Laudes, ce qui compose une suite de treize psaumes et de trois cantiques, sans compter les antiennes, les hymnes, les versets et les répons, le tout chanté à plein chœur, et à l'issue desquels on ne peut s'empêcher de bénir l'instituteur des Réveillons ; car rien ne procure autant d'appétit, qu'un long exercice des poumons, sanctifié par la prière.

Le prochain billet sera consacré au déroulement du Réveillon de Noël. A ne pas manquer!


Source : Almanach, 1ère année

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