Bientôt Noël et son
réveillon
Dans neuf jours, ce sera Noël, pour les Gourmands, la sortie
d'un long jeûne pour cause d'affaires publiques
ou familiales. Alors que la littérature abonde en récits de Noël avec Papa
Noël, la cheminée entourée de godasses plus au moins dépareillées, et les
enfants qui attendent, excités comme des puces, dans un salon qui va bientôt
ressembler au rayon Enfants du Printemps, La Reynière nous élève, une fois de
plus, avec un aparté désormais historique, son sujet de prédilection : les
méfaits de la Révolution française en ce domaine comme dans d'autres.
Nous laissons aux érudits le soin de déterminer l'époque
précise à laquelle l'usage des Réveillons s'est introduit parmi les Chrétiens ;
et, nous renfermant dans notre objet, nous nous bornerons à observer que ce
repas a cela de particulier et même d'unique, que ce n'est ni un déjeuner,
ni un dîner, ni un goûter, ni un souper, ni une halte : c'est un RÉVEILLON, ce
mot dit tout; aussi ne le fait-on qu'une fois par an, dans la nuit de Noël,
c'est-à- dire, le 25 décembre entre 2 et 3 heures du matin.
Tant que les Jacobins et le Directoire, qui leur a
succédé sans les faire oublier, ont régné en France, la Messe de
minuit y était interdite ; le Réveillon s'y trouvait par conséquent
proscrit, au grand regret des rôtisseurs et des charcutiers, qui n'ont pas été
des derniers à se réjouir de la Révolution du 18 brumaire de l'an 8, qui, en permettant
à la Religion de renaître, a, par une conséquence nécessaire, ressuscité tout
d'un temps le règne des Mœurs, du bon ordre et celui des Réveillons.
Et Alexandre continue sur un des bienfaits de la religion
catholique : la longueur des cérémonies religieuses de la nuit de Noël
favorise, paradoxalement, le 7ème péché capital, celui de la
gourmandise.
Ce repas, qui mériterait plutôt le nom de restaurant que
celui de Réveillon (car il y a longtemps qu'on est levé, et l'on n'a pas
ordinairement envie de dormir lorsqu'on le commence ), a été imaginé pour
réparer les forces des fidèles, épuisées par une séance de quatre heures à
l'Église, et rafraîchir leurs gosiers fatigués à force d'avoir chanté les
louanges du Seigneur. Car la grand'Messe de minuit est précédée des trois
nocturnes de Matines, du Te Deum, et suivie des Laudes, ce qui
compose une suite de treize psaumes et de trois cantiques, sans compter les
antiennes, les hymnes, les versets et les répons, le tout chanté à plein chœur,
et à l'issue desquels on ne peut s'empêcher de bénir l'instituteur des
Réveillons ; car rien ne procure autant d'appétit, qu'un long exercice des
poumons, sanctifié par la prière.
Le prochain billet sera consacré au déroulement du Réveillon
de Noël. A ne pas manquer!
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