mercredi 20 décembre 2017

Le Réveillon de Noël : comment ca se passait en 1803 ?
Eh bien, le Réveillon de Noël,  en 1803, ça se passait bien, très bien même si vous étiez amateurs de messe et de cochon. Et pas gros dormeur.

Après la messe de Noël dont nous avons parlé ici, le Réveillon vient récompenser le patient fidèle que vous êtes. Pas de montagnes de cadeaux, non, mais un bon Réveillon, après la messe de minuit, et en attendant la Messe de l’Aurore.

Une poularde au riz, à laquelle il est permis cependant d'être un chapon, est le milieu obligé de ce repas nocturne, et elle y tient lieu du potage, qui n'y paraît jamais. Quatre hors-d'œuvres, composés de saucisses brûlantes, d'andouilles grassouillettes, de boudins blancs à la crème, et de boudins noirs bien dégraissés, lui servent d'acolytes. Le tout est relevé par une langue à l'écarlate, ou plutôt fourrée, comme chacun doit l'être à la fin de Décembre, qu'accompagnent symétriquement une douzaine de pieds de cochon farcis aux truffes et aux pistaches, et un plat de côtelettes de porc frais. Aux quatre coins de la table sont deux pièces de petit four, comme tourte et tartelettes, et deux entremets sucrés, tels que crème à la vanille et flanc de pommes à l'anglaise. Neuf plats de dessert, au plus, terminent le Réveillon, et les fidèles ainsi restaurés se retirent pour aller chanter dévotement la Messe de l'aurore, précédée de Prime, et suivie de Tierce.

Après la Messe de l’Aurore, il est admis de faire uN petit somme. Il est alors six heures du Matin, environ. Vite, un léger déjeuner, et c’est la Messe du jour.

On revient ensuite chez soi faire un petit somme, afin d'assister, soit à jeûn, soit après un léger déjeuner, à la Messe du jour, accompagnée d'un sermon et suivie de Sexte. C'est ainsi que les dévots-Gourmands emploient maintenant à Paris la matinée du jour de Noël.

Bien sûr, la simple évocation du cochon nous vaut une bonne page d’Alexandre.

On voit que le cochon joue un très grand rôle dans les Réveillons, puisqu'il fait presque à lui seul les honneurs des deux services. Cela n'a point été imaginé sans motifs, et il est à présumer que les premiers Chrétiens, pour mieux se distinguer des Juifs, auxquels l'usage du porc était interdit par leur ancienne Loi, ont pensé qu'ils devaient introduire sur leur table ce bienfaisant animal, qui n'a rien d'immonde pour nous, et qui est devenu le principe de tant de jouissances nutritives, qu'il est sans exemple qu'un Gourmand ait abandonné la loi de J. C. pour celle de Moyse, de même qu'un ivrogne ne s'est jamais fait Turc. On voit que, dans plus d'une occasion, la gourmandise vient au secours de la Foi, et que, même en morale, elle est bonne à quelque chose.

Comment ne pas le citer encore, au risque de vouloir fêter Pâques en décembre :

Si la loi de Moïse n’avait pas élevé entre les Juifs et les Porcs un mur d’airain, nul doute que les premiers n’eussent mieux aimé faire la Pâques avec un jambon de Bayonne plutôt qu’avec un Agneau de Bethléem.

Allez, mesdames et messieurs (et les mesdemoiselles aussi), il ne reste que quatre jours pour vous préparer !



Sources : Almanach 1ère année et Journal des Gourmands et des Belles, 1er trimestre 1807.



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