Lendemains
de Réveillon
Reprenons le déroulé du mois de décembre.
Du premier au 24, peu de dîners, le Parisien est trop occupé à régler les dernières affaires de l'année. C’est expliqué là. Le 24, c’est Réveillon : il y a de quoi
effrayer le plus gourmand des gourmets, quand La Reynière raconte comment se
déroule un Réveillon de Noël, comme il le fait ici. A partir du 24, il n’y a
pas de limite. Les affaires sont bouclées et les familles se réconcilient à table. C’est une véritable orgie.
Ce régime est de nature à faire rendre l’âme au plus robuste des
estomacs. Et rien d'étonnant si, dans son journal intime (document passionnant,
non édité et introuvable dans toutes les archives du monde, mais que nous avons
consulté chez un libraire gastronome de Paris, rue du Bac, au n°9) La Reynière écrit :
Mercredi 3 décembre au jeudi 1er Janvier 1795 – Séjour à Paris –
vie extrêmement active jusqu’au 28 décembre – Courses multiples dans Paris,
divers achats et ventes - halle – plusieurs Dîners donnés – indisposition
qui me fait aliter le 29 décembre pendant sept jours.
Il fallait s’y attendre. A force d'activités extrêmes et de dîners aussi nombreux que copieux,
La Reynière, en pleine Terreur, tombe malade le 29 décembre : on imagine
une indigestion honteuse qui le cloue au lit pendant une semaine. A moins que
ce soit une petite dépression – la nouvelle année est parfois propice à la surgescence de vieilles humeurs.
C’est donc au lit qu’il passera la Saint-Sylvestre !
Et vous ? Ah oui? Et seul(e)? Tiens tiens, voilà qui me fait penser à ce que disait une célèbre Lorette dans les années 1840 : Inutile de courir après la fortune, il suffit de l'attendre au lit. Et la belle Otero d'ajouter, quelques décennies plus tard : Oui, mais pas seule. Précision surabondante, mais amusante tout de même.
Mais voilà qui nous éloigne d'Alexandre Grimod de La Reynière, quoique... Il avait un gros faible pour les comédiennes, et les Lorettes rêvaient d'en être.
En tout cas, ce dernier (et centième) billet de l'année 2017 est des plus déplacés puisque parler des femmes autrement qu'en réécrivant l'Histoire (comme sous Staline) et en voilant nos déesses d'un repeint égalitaire et grisâtre (comme dans notre bonne mère l'Eglise) fait encourir un procès devant le Tribunal de l'Inquisition Démocratique. Si tout se passe bien (c'est à dire si personne ne lit ce billet), on se retrouvera en 2018!
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