Janvier, mois des
gourmands et des bonbons
Le mois de janvier est l’un des meilleurs question
gourmandise. C’est le temps des plus grosses indigestions, mais aussi des plus
grandes réconciliations, et des étrennes dont les plus appréciés sont en
comestibles ou en argent qui se transformera bientôt en nourriture (dont le
cochon, mais nous en reparlerons plus tard).
C’est une vérité généralement reconnue qu’il est peu de
mois en France plus favorable à la chère, que celui de Janvier, qui commence l’année
gourmande et civile depuis Charles IX. Sans parler de la fête des Rois, qui est
également celle des pâtissiers et l’occasion d’un grand nombre d’indigestions,
le temps des étrennes est constamment celui des rassemblements nutritifs.
Cette époque de l’année, regardée comme celle de l’extinction des haines, du
rapprochement des familles, des visites de devoir, etc., est un véritable temps
d’amnistie et de jubilation ; car presque tous ces nombreux rapprochements sont
signalés par de grands repas. Il est prouvé qu’on ne se réconcilie bien qu’à
table, et que les nuages de l’indifférence et de la brouillerie ne sont jamais
entièrement dissipés que par le soleil de la bonne-chère.
D’ailleurs le Jour de l’an est l’époque des étrennes, et presque toutes celles que l’on donne en argent sont transformées ensuite en comestibles. Les comestibles eux-mêmes sont les étrennes les plus agréables que l’on puisse offrir. Ils se donnent et se reçoivent sans conséquence; et tel commis, tel Journaliste (1), tel Auteur d’almanach, qui se ferait scrupule d’accepter un étui d’ivoire, reçoit sans se compromettre un pâté de foies gras de Strasbourg ou de Toulouse, qui coûte dix fois davantage, et le reçoit avec d’autant plus de satisfaction que le port en est toujours acquitté d’avance ; car plus la reconnaissance est délicate, et plus elle craint d’être onéreuse.
D’ailleurs le Jour de l’an est l’époque des étrennes, et presque toutes celles que l’on donne en argent sont transformées ensuite en comestibles. Les comestibles eux-mêmes sont les étrennes les plus agréables que l’on puisse offrir. Ils se donnent et se reçoivent sans conséquence; et tel commis, tel Journaliste (1), tel Auteur d’almanach, qui se ferait scrupule d’accepter un étui d’ivoire, reçoit sans se compromettre un pâté de foies gras de Strasbourg ou de Toulouse, qui coûte dix fois davantage, et le reçoit avec d’autant plus de satisfaction que le port en est toujours acquitté d’avance ; car plus la reconnaissance est délicate, et plus elle craint d’être onéreuse.
(1) Il en est cependant un
bien connu qui ne se contente pas de dindes aux truffes , de vins de Saint-Georges
ou de Volnais, de liqueurs ou de sucreries, et chez lequel les meubles
somptueux, les schals de cachemire et les vases d’argent se trouvent en
profusion; le poids de l’offrande est dans ce dernier cas le tarif du mérite
des sacrificateurs (Note GDLR).
Et en ce début du mois de janvier, les confiseurs sont à la
fête, pour la plus grande joie des enfants et des dames (nombre d’hommes, comme
La Reynière, cloués au lit par une indigestion)
Mais ce ne sont point seulement ces mets solides qui
sont la matière de la libéralité parisienne dans ce mois :
on sait que c’est celui de la circulation des bonbons et des
sucreries de toutes les espèces; et la rue des Lombards l’emporte
alors sur la rue Saint-Honoré et Ie Palais-royal. L’industrie des confiseurs
s’étudie chaque année à varier les dessins de leurs surprises et de
leurs ingénieux colifichets. Le sucre prend, sous leurs mains adroites, mille
formes diverses, pour séduire les yeux et flatter le goût; et ces marchands se
sont classés, par leur industrie, au nombre des artistes. Ce ne sont pas ceux
dont on visite le moins souvent les ateliers. Les dragées, dont il n’était
question autrefois que pour les baptêmes, se mangent aujourd’hui pendant toute
l’année; et, au grand contentement des enfants et des dames, les poches des
hommes de bonne compagnie, ont été métamorphosées tout-à-coup en bonbonnières.
Bon… Bons bonbons, bonne année à toutes et à tous
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