mercredi 9 août 2017

L’ortolan en coquille d’œuf ou monsieur Hulot protecteur des Rois des petits pieds
Un héros, Monsieur Hulot, celui de Macron, pas celui de Jacques Tati*, pas encore parti en vacances, mais n°2 du gouvernement Philippe 2, tout de même, c’est dire toute son importance, vous pensez, sauver la planète, mettre en place un bonus vélo, rédiger toute une série de conseils pour les loisirs nautiques en eau douce, informer les citoyens pour ce qui est de l’utilisation de drones et de modèles réduits et autres drôleries à la Une du site du Ministère de la Transition écologique et solidaire !

Oui, un héros, un ministre d'Etat comme on voudrait qu’il y en ait plus ; qui en a marre de toutes ces lois que l’on pond sans les faire appliquer, et qui dit : Là, stop, c’est trop grave, la planète est en danger, les écosystèmes se font la malle, bientôt on ne pourra plus pédaler sans attraper d’horribles maladies ni s’amuser avec son petit drone sans déclencher des cataclysmes !

Alors voilà, M. Hulot, en ce mardi 8 août 2017 a dit : il y a un très célèbre et important  arrêté du 29 octobre 2009 pris en application de la directive du Conseil 79/409 CEE du 2 avril 1979 et du règlement (CE) n° 338 / 97 du Conseil du 9 décembre 1996. Il est bourré d’interdits qui ne sont pas respectés. Il sera désormais interdit de se foutre des interdits. Enfin, pas tous, mais un  :  le braconnage des ortolans.

Les mauvaises langues diront qu’il doit s’ennuyer grave, Hulot, à ne rien vouloir faire d’autre que d’emmerder les braconniers des Landes, habitat de passage des Ortolans, un mois avant la Saison du braconnage. C’est une critique féroce et à courte vue : s’attaquer au braconnage à l’ortolan, c’est s’attaquer à tout un pan du patrimoine culturel français, soutenu par des personnalités politiques et médiatiques de premier plan et plutôt à l'aise questions finances (d'autant qu'elles sont publiques) , tel François Mitterrand, qui était fou d’ortolans (normal, il était des Landes), Juppé, (qui mange des ortolans une serviette sur la tête, ce qui lui donne un air vraiment bizarre) Maïté, (du coin, elle aussi, qui adore sucer le derrière de ces minuscules volatiles, une serviette non pas sur la tête, mais devant, ce qui est moins ridicule, bref, « C’est pas comparable à rien »), Jack Lang (qui s’ébahit devant ce suc qui s’extrait des os, de la chair, hummm c’est délicieûûx). Le français moyen s'en fout, car le prix du kilo d'ortolan dépasse et de loin le Smic mensuel.

Ce n’est donc pas rien. Et tout ça pourquoi ? Eh bien parce que l’homme, s’il sait aller sur la Lune et bientôt sur Mars, ne sait toujours pas élever les ortolans, et qu’à cause des braconniers landais ; et parce que l'ortolan, bon mais bête, n'a toujours pas compris que dans sa migration annuelle, il pouvait éviter les Landes meurtrières et braconnières. Du coup, l’ortolan est en train, en ce moment même, de pousser ses derniers cris.

Dommage, aurait dit La Reynière, car de son temps, l’ortolan, déjà fort cher, était considéré comme un des Rois de la cuisine :
L'ortolan est comme la caille un oiseau de passage, et ce n'est guère que dans nos contrées méridionales qu'on en trouve toute l'année. C'est un mets singulièrement délicat, et très-recherché, et la chair de cet oiseau passe à bon droit pour exquise. Il est trop précieux à Paris pour le servir sur nos tables autrement qu'à la broche ; et c'est un rôti fort distingué, et d'autant plus dispendieux qu'il faut avoir autant d'Ortolans que de convives , car l'Ortolan est trop petit et trop délicat pour pouvoir être découpé : il ne forme donc en quelque sorte qu'une bouchée. Heureux le palais qui la recueille !

Et comment ça se dégustait, l’ortolan, au 18ème siècle ? Des plus originales des façons, dont celle-ci, l’ortolan en coquille d'œuf de poule :

Le meilleur apprêt qu'on puisse leur faire est de les enfoncer dans des coquilles d'œufs de poule où l'on ajoute un peu de sel blanc, et dont on lute le petit couvercle avec de la pâte, afin de les faire cuire dans l'eau sans autre préparation. Comme il y a des personnes à qui cette exhumation d'un ortolan pourrait donner la fausse idée d'un poussin mort-né dans un œuf couvé, on a renoncé presque partout à cette ancienne manière de servir ces petits oiseaux ; et le plus sûr est toujours de les accommoder comme les bec-figues et les rouges-gorges, c'est-à-dire enfilés dans des attelets et cuits à la broche en douze ou quinze minutes.

Ah vraiment ! Ce n’est pas pour rien qu’on appelait l’ortolan le « Roi des petits pieds, » c’est à dire celui des petits oiseaux tels que la grive, la caille, le bec-figue, le rouge-gorge, et autres à la chair si délicate.

Hulot, protecteur du Roi des petits pieds ! Oui, celui de Macron, pas celui de Tati. Que va-t-il sortir de son esprit fertile, pendant ses vacances à Saint-Lunaire, loin des Landes et des braconniers en furie?

* quoique... puisque le M. Hulot de Tati est inspiré du grand père de M. Hulot de Macron. C'est en tout cas ce que prétend ce dernier, voir ici.

Sources : Manuel des Amphitryons, page 106 ; Néophysiologie du Goût etc….

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