mercredi 1 novembre 2017

Novembre, mois gras et de la volaille                          

Vous qui me suivez depuis maintenant huit mois, ce mois de novembre va vous occuper plus que jamais par les plaisirs de la chair.

Car Novembre est, par excellence, le mois des Gourmands et des Gourmandes adorateurs du dieu Comus, qui se foutent comme de l’an 40 du trop sucré, du trop salé, du trop gras, du trop sec, du trop arrosé, des modérations en tout genre, des équilibres supposés rendre libre.

S’y ajoute toutes celles et ceux qui, par conviction ou par nécessité, trouvent dans ce blog les plaisirs qui ont déserté leur assiette, après avoir  refusé de participer aux orgies des intermédiaires qui s’en foutent plein les poches ; aux turpitudes des éleveurs qui élèvent pour expédier direct aux abattoirs dont les pratiques font pâlir les manieurs de gégène et autres instruments de torture ; à la gloutonnerie des multinationales qui suppriment les matières trop grasses, trop sucrées, trop salées, trop trop, et les remplacent par d’autres bien plus dangereuses pour la santé physique et mentale. Et qui, pour compenser tant de privations, lisent avec avidité le Dictionnaire Gourmand et Animalier de Monsieur La Reynière, ouvrage dont le succès croit chaque jour grâce à sa drôlerie et aussi au commentaire élogieux, bien que spontané, d’une certaine Isabelle L. qui pourrait bien être une cousine aussi Gourmande que fine de taille et à la plume alerte : je me suis goinfrée, écrit-elle, sans modération dans ce dictionnaire gourmand. Écrit avec beaucoup d'humour, il nous fait découvrir ce qu'étaient les plaisirs de la table à cette époque.

Ce délicieux opuscule a échappé à la Censure du Ministère de l’Asanté et est encore en vente libre sous forme d’ouvrage imprimé pour la modique somme de 5,99 euros dont 20% de taxes. Et faites comme ma cousine, qui fit comme le préconise ma réclame. Prenez-en plusieurs exemplaires : la prochaine fois que vous êtes invité(e) à diner, vous allez, c’est certain, crier Et zut, qu’est ce que je vais apporter ? Alors, vous bénirez le ciel d’avoir fait une provision de ce Dictionnaire Gourmand et Animalier de Monsieur de La Reynière, car grâce à lui, vous aurez sous la main le cadeau idéal !

Il servira en outre de précieux complément à ce blog, dont le billet d’aujourd’hui consacré au Mois de Novembre ainsi loué par La Reynière, premier Poète de la Gastronomie :

Les campagnes se dépeuplent ; les vents, les pluies et les gelées qui commencent, et les feuilles qui tombent, ramènent insensiblement tout le monde à la ville, et dès la Saint-Martin tout ce qui appartient à la classe respectable des Gourmands s’y trouve réuni. Cette fête est vraiment celle de la bonne-chère. C’est le patron des festins, et le Saint le plus généralement invoqué par tous les hommes de bon appétit. Nous ignorons si ce célèbre évêque de Tours était de son vivant un mangeur distingué, et d’après son ardente charité nous serions tentés de le croire ; car un Gourmand jugeant de l’appétit des autres par le sien a presque toujours bon cœur ; mais ce que nous savons positivement, c’est que l’anniversaire de sa mort est la cause, l’origine et le témoin d’un grand nombre d’indigestions.

Et pour prévenir ces indigestions, La Reynière ne vous laisse pas démuni. Il conseille en premier lieu les prières à Saint-Crevaz, martyr local et lorrain de la gourmandise, mort de saisissement à l’aspect du carême, vénéré jusqu’à Marseille sous le nom de Saint-Crapazi : il préserve d’indigestion tous ceux qui l’invoquent avec ferveur. Il est aussi recommandé par Rabelais. C’est tout dire.

Outre les prières, il est attesté qu’Alexandre se bourrait de « tartre-stibié », potion étrange à base d’antimoine aux grandes vertus purgatives, et faisait consommation courante d’éther par quelques gouttes sur un morceau de sucre, un remède de cheval !

Quant aux artistes de l’indigestion, il citait M. Folloppe, apothicaire porte Saint-Honoré réputé pour son élixir de Garus et ses excellentes liqueurs, idéales pour précipiter la digestion et disposer à recommencer un bon dîner, si favorable à la digestion qu’il a été adopté dans un grand nombre de maisons opulentes soit pour le Coup d’avant, soit pour celui du milieu, et beaucoup plus agréable que le rhum ou que la crème d’absinthe. Alexandre, très au fait de la question, citait encore les Grains de santé du Docteur Franck, beaucoup plus agréables à l’usage ; ou plus simplement, le Sirop de groseilles blanc de la Vve. Martin, apothicaire rue Croix-des-champs ; et encore la Vve Pelletier, rue Jacob… Il y avait beaucoup de Veuves dans le sirop !

Ces préambules étant faits, vous n’avez plus aucune excuse pour redouter les excès gourmands de Novembre !

Au prochain billet !



Source : Almanach des Gourmands, 1ère Année.

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