Fini la science pâtissière, un peu de science
politique
Dans mon roman sur Grimod
de La Reynière (à paraître, peut-être), je lui fais aimer un texte toujours d'actualité. L'auteur en est Charles-Alexandre de
Calonne, l’un des derniers ministres des Finances de Louis XVI. Il était
surnommé « Monsieur Déficit », parce qu’il aimait beaucoup
« Madame Déficit » (Marie-Antoinette) et que jamais le déficit
financier du Royaume n’avait été aussi important qu’à son époque.
Pour rétablir
les finances, Calonne avait un programme ambitieux, moderniser la France, et un projet assez osé, simplifier les impôts et y soumettre le Clergé et la
Noblesse (les pauvres étant exsangues) : la fin des privilèges et des
abus qui vont avec ! Il eut enfin l’idée saugrenue de présenter son programme à l'Assemblée des Notables, dominée par ce même Clergé & Noblesse. Ce que Calonne leur
raconta ne leur plût pas du tout. Monsieur Déficit fut renvoyé sur-le-champ.
C’est
depuis ce temps-là que lorsqu’il y a des déficits, les ministres des Finances préfèrent augmenter les impôts de classes
moyennes, diminuer ceux des plus fortunés et des plus pauvres, et
accorder des privilèges à tout le monde. Mais ça ne les empêche pas d’être renvoyés de temps de temps.
Discours prononcé de l'ordre du roi et
en sa présence par M. de Calonne, contrôleur général des Finances, dans
l’Assemblée des Notables tenue à Versailles, le
22 février 1787.
« Toujours
emprunter, serait aggraver le mal et
précipiter la ruine de l’État.
Imposer plus, serait accabler les Peuples que le Roi
veux soulager.
Anticiper, on ne l’a que trop fait, et la prudence
exige qu’on diminue chaque année la masse des anticipations actuelles.
Économiser, il le faut sans doute ; SA MAJESTÉ le
veut ; Elle le fait ; Elle le fera de plus en plus (…) : mais
l’économie seule, quelque rigoureuse qu’on la suppose, serait insuffisante
& ne peut être considérée que comme moyen accessoire. (…)
Que reste-t-il donc qui puisse suppléer à tout ce
qui manque & faire trouver le niveau désiré ?
LES ABUS.
Oui, messieurs,
c’est dans la proscription des abus que résident les seuls moyens de subvenir à
tous les besoins. Les abus des privilèges pécuniaires ; les exceptions à
la loi commune & tant d’exemptions injustes qui ne peuvent affranchir une
partie des contribuables qu’en aggravant le sort des autres. »
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