vendredi 5 mai 2017

Fini la science pâtissière, un peu de science politique                      
Dans mon roman sur Grimod de La Reynière (à paraître, peut-être), je lui fais aimer un texte toujours d'actualité. L'auteur en est Charles-Alexandre de Calonne, l’un des derniers ministres des Finances de Louis XVI. Il était surnommé « Monsieur Déficit », parce qu’il aimait beaucoup « Madame Déficit » (Marie-Antoinette) et que jamais le déficit financier du Royaume n’avait été aussi important qu’à son époque. 

Pour rétablir les finances, Calonne avait un programme ambitieux, moderniser la France, et un projet assez osé, simplifier les impôts et y soumettre le Clergé et la Noblesse (les pauvres étant exsangues) : la fin des privilèges et des abus qui vont avec ! Il eut enfin l’idée saugrenue de présenter son programme à l'Assemblée des Notables, dominée par ce même Clergé & Noblesse. Ce que Calonne leur raconta ne leur plût pas du tout. Monsieur Déficit fut renvoyé sur-le-champ. 

C’est depuis ce temps-là que lorsqu’il y a des déficits, les ministres des Finances préfèrent augmenter les impôts de classes moyennes, diminuer ceux des plus fortunés et des plus pauvres, et accorder des privilèges à tout le monde. Mais ça ne les empêche pas d’être renvoyés de temps de temps.


Discours prononcé de l'ordre du roi et en sa présence par M. de Calonne, contrôleur général des Finances, dans l’Assemblée des Notables tenue à Versailles, le  22 février 1787.

« Toujours emprunter, serait aggraver le mal et précipiter la ruine de l’État.
Imposer plus, serait accabler les Peuples que le Roi veux soulager.
Anticiper, on ne l’a que trop fait, et la prudence exige qu’on diminue chaque année la masse des anticipations actuelles.
Économiser, il le faut sans doute ; SA MAJESTÉ le veut ; Elle le fait ; Elle le fera de plus en plus (…) : mais l’économie seule, quelque rigoureuse qu’on la suppose, serait insuffisante & ne peut être considérée que comme moyen accessoire. (…)
Que reste-t-il donc qui puisse suppléer à tout ce qui manque & faire trouver le niveau désiré ?
LES ABUS.
Oui, messieurs, c’est dans la proscription des abus que résident les seuls moyens de subvenir à tous les besoins. Les abus des privilèges pécuniaires ; les exceptions à la loi commune & tant d’exemptions injustes qui ne peuvent affranchir une partie des contribuables qu’en aggravant le sort des autres. »


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