lundi 26 juin 2017

L’été, le temps des fruits rouges (en musique)                                          
C’est l’été, et l’été, c’est le temps de fruits rouges. Des cohortes de fraises, cerises, framboises, groseilles, mais aussi abricots, abricots-pêches, pêches, prunes… La nuit paisible était silencieuse et belle dans un ciel serein… jusqu’à ce que, avant même que le soleil ne se lève, ces cohortes ne convergent vers les Halles (à l’époque de La Reynière : "la Halle") qu’un illustrateur sonore un peu approximatif, mais non sans à propos, aurait pu en rythmer la marche sur celle-ci (à écouter tout en lisant la suite après avoir arrêté le morceau précédent) : vous y entendrez les fraises (hautbois) s’ébranler sous les étoiles (violons), les cerises (trompettes) rejoindre leurs rangs aux premières lueurs, puis les framboises (flutes), les groseilles (trompettes à coulisses), &c., formant ensemble des phalanges vraiment impressionnantes. Et comme c’est La Reynière qui parle, il serait invraisemblable qu’il n’y ait pas une petite histoire d’amour naissante au sein de ces phalanges, et là, c’est une autre page de Prokofiev qui s’impose, et prolonge tout naturellement la première. Mais passons à l'écriture, en forme de Poème symphonique, de l'Artiste :

On peut dire que les Fruits sont pour le dessert ce que les légumes sont pour l’entremets, c’est-à-dire le principe d’une infinité de préparations plus ou moins estimées, plus ou moins délicates et plus ou moins friandes. Chaque saison nous apporte son tribut dans ce genre comme dans tous les autres; et il y a longtemps qu’on a dit avec vérité que la Halle de Paris était le plus beau verger de l’Europe. C’est là que les dons les plus précieux de Pomone affluent chaque jour, et que leur arrivée y devance même le lever du soleil. Rien de plus précieux qu’un tel spectacle, dont peu de Parisiens peuvent se flatter d’avoir joui, parce que, dans toutes les saisons, ils sont plongés à cette heure-là dans un profond sommeil. Mais les vrais Gourmands se procurent quelquefois ce plaisir dans les jours les plus longs de l’été, c’est-à-dire vers le temps des Fruits rouges.

Source : Almanach des Gourmands, 3ème année, deuxième édition (1806).



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