Histoire d’Œufs (1)
Carême approche de sa
fin, et l’œuf, toléré par l’Église du mercredi des Cendres au vendredi de la
Passion sous sa forme naturelle, va bientôt faire son apparition sous sa forme pâtissière.
Il est temps, oui, grand temps, de rendre aux œufs les hommages qui leurs sont
du(r)s. Aujourd’hui : les œufs de poules, en vous souhaitant une bonne omelette des Rameaux.
L’œuf est à la cuisine ce que les articles sont au
discours, c’est à dire d’une si indispensable nécessité que le cuisinier le
plus habile renoncerait à son art si on lui en interdisait l’usage. Aussi
l’Église elle-même, qui s’y connaît en bonne-chère, convaincue de cette
nécessité, s’est-elle relâchée en leur faveur de la rigueur des lois du Carême,
et les permet jusqu’au vendredi de la Passion. Depuis ce jour jusqu’à Pâques,
l’imagination des cuisiniers est à la torture pour y suppléer.
On connaît en France 543 manières
différentes d’accommoder les œufs, sans compter celles que nos savants
imaginent chaque jour, car la cuisine est un pays dans lequel il reste toujours
des découvertes à faire.
Rien de plus salutaire qu’un œuf
frais ; rien de plus indigeste qu’un œuf dur. C’est pourtant l’enfant de
la même poule.
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