L’Histoire d’Œufs dure encore
En lisant les deux
articles précédents, vous vous êtes demandé quelles étaient ces 543 façons
d’accommoder les œufs, sans parler de celles qui s'inventent chaque jour ? La Reynière en donne un large échantillon, sans
atteindre le chiffre avancé, mais en devançant (une fois de plus) nos meilleurs
plumes (Prévert, en l'occurence dont nous fêtons en ce 11 avril les 40 ans de la disparition). Si vous voulez passer à la pratique,
consultez le Manuel de Gastronomie ou
la Néo-Physiologie du goût par ordre alphabétique.
Et vous vous êtes demandé
aussi : mais d’où viennent tous ces œufs qui affluent à Paris, et quels
sont les meilleurs ? Notre spécialiste de la géographie gourmande vous le dit aussi!
On les mange à l'allemande, à la bonne-femme, à la
bourguignone, à la duchesse , à la commère, à la huguenotte, à la jésuite, à la
grand’mère, à la philisbourg : on les apprête à la périgord, à la monime, à la régence,
à la sicilienne, à la portugaise, à la suisse, à la sauce à Robert, à l’eau de
roses, à l’huile au verd, à l’estragon, au basilic, au blanc de perdrix, au
blanc de poularde , à l‘italienne , à l’orange, au fromage fondu, au lard, à la
Coigny, au père Douillet, au soleil, aux écrevisses, aux truffes, au verjus, au
Vert galant; on les sert en crépine, en peau d’Espagne, brouillés tantôt à la
chicorée, tantôt au jus, tantôt au coulis, tantôt à la pointe d’asperges ;
en filets, en rochers, en panade, en surtout, en timbales, en toutes
saisons ; on les poches, on les frit, on les saute, enfin que n’en fait-on
pas ? Les œufs sont l'un des plus doux présents que la divine providence
ait jamais faits à l’appétit de l'homme. Ceux de poule sont les seuls dont on
se serve en cuisine, (nous ne parlons pas de ceux de coqs qui ne sont en usage
que dans les garnitures), et quelquefois ceux de cane qui se confondent de
temps en temps avec eux, quoique sensiblement plus gros.
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