Tout est bon dans le Cochon !
Les mérites du Cochon sont
innombrables, tellement que leur énumération occuperait plusieurs volumes.
Alors, plutôt qu'un long discours, La Reynière a employé une formule-choc qui a traversé les siècles, un apophtegme profond, faussement
attribué à Brillat-Savarin, auteur de La Physiologie du Goût (1825). Corrigeons cent-treize années d'injustice, rendons à Alexandre ce
qui est à Alexandre, rétablissons la Vérité, redressons les errements de
l’Histoire, et citons cet aphorisme qui tourne au profit du génie, extrait de la page 26 de L’Almanach des Gourmands de 1804 (2ème
Année) :
La Nature a si bien arrangé les
choses,
que tout est bon dans le cochon,
et que rien n’est à rejeter.
Et non content de fournir
mille nourritures terrestres, le Cochon alimente nos réflexions
philosophiques…
Quiconque voudrait étudier avec quelque attention
les mœurs de cet animal, trouverait dans toutes ses habitudes un grand fond de
philosophie ; et depuis le Cochon de Saint-Antoine* et les pourceaux
d’Épicure**, jusqu’à ceux dont nous avons le bonheur d’être les contemporains,
et qui se rendent en foule tous les lundis de chaque semaine au marché de
Saint-Germain-en-Laye qui en approvisionne tout Paris, il n’en est aucun qui
n’ait été sur la terre un exemple de stoïcisme, d’impassibilité, d’égoïsme et
de bon appétit, qualités auxquelles on a reconnu dans tous les siècles, et
surtout dans le nôtre, MM. Les Philosophes C.Q.F.D.
* Saint
Antoine d’Égypte est souvent représenté avec un cochon portant une clochette.
Il semble que cette tradition iconographique manque de rigueur : les
cochons à clochettes sont apparus bien plus tard dans le Dauphiné, berceau de l’ordre des
Antonins, où les cochons n’avaient pas le droit d’errer librement dans les
rues, sauf ceux des Antonins, reconnaissables à leur clochette. (source : wikipedia).
** L’expression vient d’Horace, Épître à Tibulle (I-IV) : « Si
tu veux rire, viens me visiter ; tu verras un homme gras, poli, fort occupé de
sa peau, un pourceau d'Épicure. »
Sans oublier que sans lui,
point de peinture, et par conséquent, pas de Boucher, pas de Raphaël, pas de Léonard, etc…:
Les arts disputent à la cuisine l’honneur de tirer parti de ses dépouilles ; et (…) le poil de son dos est devenu, comme chacun le sait, le premier instrument de la gloire de Raphaël.
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