samedi 22 avril 2017

La Reynière et le Parti d’en rire                                                              

En cette période où chacun y va de son petit couplet politique, de ses belles prévisions du (ou des) passé(es) et de ses tristes leçons sur l’avenir, le tout frappé au coin du bon sens et de l’évidence, dans un monde fait de yaka,  de jvoulavaibiendi, et de cépacikompliké, prenons un peu de recul, et demandons-nous quelle bête politique était La Reynière, pour voir un peu s’il n’y aurait pas dans la prose grimaldienne de quoi nourrir nos pensées électorales.

Eh bien, contrairement à nos gouvernants et gouvernantes actuels dont on ne sait plus (et pas plus qu’eux-mêmes) s’ils sont de droite, de gauche, de droite et de gauche, ou « ni de droite ni de gauche », La Reynière est un fervent apôtre d’un régime monarchiste autoritaire, tendance débonnaire de gauche : anti-libéral et anti-nationaliste, dans un mélange heureux de Louis le Premier (Le Débonnaire), de Fidel Castro et de Pierre Dac (et son Parti d'en rire*)

Rien de pire que le concept de Nation, dit-il**, qui transforme le mouton universel en loup sanguinaire :  Cette longue période révolutionnaire a dénaturé les mœurs françaises, qui du Peuple le plus poli d’Europe, nous en a constitué la Nation la plus sanguinaire.

Et rien de pire, aussi, que le Libéralisme, dont le Nationalisme n’est que le sombre bras armé. À l’anarchie révolutionnaire, il préfère un sympathique régime monarchiste, dans un Royaume idéal où l’on boit, où l’on s’amuse. Si, par exemple, les émigrés fussent restés tranquillement en France, occupés de plaisirs et d'amusements, nous ne serions pas en guerre aujourd'hui avec toute l'Europe, et vous n'auriez pas eu cette foule de lois vexatoires … dont les circonstances ont été le prétexte … , le Roi vivrait encore et eût fini par épouser de bonne foi une constitution qui lui donnait encore un éclat passager, et à l'ombre de laquelle il eût même, petit à petit, ressaisi une bonne partie de son autorité. Au lieu de cela, qu'est-il arrivé ? vous le savez mieux que moi, et il serait aussi imprudent que douloureux de le rappeler.

Le rire, première vertu citoyenne ? Oui, assurément ! J'en conclus qu'il faut plus que jamais songer à s'amuser, à se distraire et éloigner de soi toute idée noire, car nous nous rendrions malades et malheureux sans compensation.

Imaginons un instant Alexandre, demain, dans l’isoloir. Il cherche le bulletin pour Coluche 1er, Pierre II le Dac, Francis III le Blanche, en vain, et ne trouve que des candidats qui, aussi comiques soient-ils, ne cultivent pas le rire comme vertu citoyenne. Ah si ! Il y en a un qui fait des jeux de mots assez réussis - son nom même en est un. Alors ? Poutou 1er ? Au royaume des Bisous ?

* et son slogan on ne peut plus grimaldien : Seules la joie et la gaité peuvent nous sauver du pire.
** Citations extraites de la Lettre à un ami lyonnais du 31 mai 1793.


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