vendredi 28 avril 2017

Quand les maitresses d’Alexandre se retrouvent dans la vitrine de M. Rouget (I – les Fanchonnettes).                                                                                           

Rouget Père, pâtissier de première classe; père de M. Rouget fils, autre pâtissier de grande renommée; et Chancelier du Jury dégustateur, ne trouvait rien de plus drôle que d’inventer de délicieux gâteaux en leur attribuant un nom dérivé de celui d’une comédienne, maitresse plus ou moins passagère d’Alexandre. En toute complicité bien sûr.

L’idée leur vint en dégustant une Fanchonnette, première création dans un genre qui illustre les liens étroits entre le Vaudeville et la Gourmandise. Ce délice fut créé en 1804 par Rouget en hommage à madame Henri-Belmont, grande actrice du Théâtre du Vaudeville, célèbre pour son interprétation de Fanchon, femme au caractère bien trempé mais dont il n’est pas avéré qu’elle fût une maitresse d’Alexandre. La Décade Littéraire de 1803 nous indique en outre que « la véritable Fanchon la vielleuse, après avoir joui quelques années de sa vogue bizarre et de sa fortune déshonorante mourut d’un coup d’épée que lui donna un militaire quelque peu brutal pour punir un soufflet qu’il en avait reçu, et qu’il s’était peut-être attiré. »

Voici, donc, ce que dit Alexandre de ces fameuses tartes (Fanchons) et tartelettes (Fanchonnettes) meringuées garnies d’une crème à la vanille, en remarquant que ses impressions touchent moins aux talents de scène de Mme Belmont qu'à ses qualités plastiques :

On ne pouvait mieux caractériser cette aimable pâtisserie qu’en lui donnant un nom qui rappelle l’actrice charmante qui a créé avec tant de succès, au Théâtre du Vaudeville, le rôle de Fanchon ; et s’il est permis de comparer une jolie femme avec une pièce de four, on peut dire qu’aux yeux des friands connaisseurs, les Fanchonnettes sont une image de fraîcheur du teint, de la délicatesse des traits, et du velouté de la peau, qui distinguent le visage de madame Henri-Belmont.

Les Fanchonnettes se déclinent au café, au chocolat, aux fruits, aux raisins de Corinthe, aux pistaches, aux avelines, à la gelée de pommes de Rouen, au lait d’amande et de bien d’autres façons encore. En ce début de 19ème siècle, il s’en faisait une consommation considérable.

Pour une raison qui échappe absolument aux historiens de la Pâtisserie française, des Fanchonnettes à la bordelaise sont apparues sur le marché au début du 20ème siècle, qui n’ont rien à voir avec les Fanchonnettes de M. Rouget, puisque ce sont des bonbons à la forme ovale, fourrés à l’amande, au chocolat, au café ou à la pulpe de fruits. Les lecteurs qui auraient des informations à ce sujet sont invités à les transmettre à la Rédaction. Ils seront récompensés.


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