samedi 29 avril 2017

Quand les maitresses d’Alexandre se retrouvent dans la vitrine de M. Rouget (II. Minettes et Augustines)                                                                     
                                            
Après les Fanchonnettes, les Minettes, du nom de Minette Menestrier dont Alexandre est tombé amoureux alors qu’elle avait à peine dix-sept ans (et lui près de quarante-cinq !). Rien ne prouve une liaison mais tout porte à le croire, à moins que ce ne fut avec Augustine, la sœur ainée, avant qu’elle ne devienne l’amante du Marquis de Cussy, futur préfet du Palais de Napoléon, et ami indéfectible d’Alexandre jusqu’à sa mort, quelques semaines avant celle d’Alexandre, en 1837. Les Augustines sont citées dans plusieurs menus conçus par Alexandre, mais il n’a laissé aucune description de cette autre création de Rouget. Tel n’est pas le cas des Minettes, dont Alexandre parle avec émotion. Les places respectives qu’occupent les Minettes et les Augustines dans la littérature gourmande de La Reynière sont-elles en proportion de celles que leurs inspiratrices avaient dans le cœur d’Alexandre ? Nous ne sommes pas loin de le penser, d’autant que Minette Menestrier était une comédienne du Théâtre de Vaudeville, ce que n’était pas sa sœur : pour Alexandre, l’argument est déterminant. Il n’a jamais aimé que deux classes de femmes, ses cousines et des comédiennes.

Lisons l’Almanach des Gourmands à la bonne page, celle du baptême des Minettes lors d’une séance du Jury dégustateur, celle, précisément, où Minette Menestrier a été admise comme « Sœur » du Jury. C’était le 16 janvier 1810 :

Fins, mignons, sveltes, et respirant le bon goût et l'esprit par tous les pores, ces Gâteaux ont obtenu l'assentiment général ; et comme il s’agissait de les baptiser, on a cherché, dans l'assimilation de leurs qualités avec celles d'une des aimables Candidats de cette Séance, le nom qu'il fallait leur donner ; en sorte que, d'une voix unanime, le Jury Dégustateur les a proclamés Gâteaux à la Minette. C'est donc sous ce nom qu'ils ont été produits dans le Monde ; et quoique non encore annoncés, il s'en fait déjà, chez M. Rouget, un débit prodigieux. Tout porte à croire que les Gâteaux à la Minette se placeront un jour à côté de ces aimables Fanchonnettes, imaginées aussi par M. Rouget, et dont le succès, depuis six ans, ne s'est point encore démenti.


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