mercredi 19 avril 2017

La Société des Mercredis                                                               
Après de longues et patientes recherches, j’ai pu établir ce qu’aucun historien n’a pu: la date de création de la Société des Mercredis, société des plus débonnaires qui allait animer la Vie Gourmande parisienne pendant près de 30 ans. C’était le mardi 18 avril 1781, il y a 116 ans. J’aurais pu attendre le jubilé des 150 ans, et priver mes amis Gourmands, Gourmets, Gastrophiles et Gastrographes d’une lecture aussi divertissante qu’instructive, celle de l’épître dédicatoire de la quatrième année de l’Almanach des Gourmands (1806, chez Maradan, Libraire, rue des Grands-Augustins, n°9) que La Reynière lui a dédiée. Nous avons reculé face à une telle perspective.


« ÉPITRE DÉDICATOIRE À LA SOCIÉTÉ DES MERCREDIS

« MESSIEURS,
« La nécessité de mettre chacun des nouveaux Volumes de l'Almanach des Gourmands sous les auspices d'un personnage digne, par la finesse de son goût et l'étendue de son appétit, d'en être le premier juge et le plus ardent protecteur, devient pour nous, au commencement de chaque Année, un véritable travail, souvent même un très-grand sujet d'embarras. Les hommes comme M. d'Aigrefeuille* sont rares ; et nous nous sommes vu réduits, l'année dernière, à dédier notre Ouvrage à un habitant des sombres bords.
Ce n'est pas, Messieurs, que nous n'ayons depuis longtemps reconnu dans votre illustre Société, tout ce qui constitue la réunion gourmande la plus savante, la plus complète et la plus aimable. Dix-sept personnes qui , depuis vingt-quatre années, exercent chaque semaine, en commun, leurs facultés dégustatrices ; à qui, dans ce long espace de temps, il n'est rien échappé de tout ce qui peut honorer davantage le palais, et stimuler plus dignement la sensualité ; dont les appétits dans tous les genres ne se sont jamais arrêtés ni même ralentis ; dont le goût constamment pur n'a jamais dévié ; dont l'admirable tact est devenu la règle de conduite des plus grands cuisiniers; et dont les opinions font tellement loi dans tout ce qui tient à la table, que le recueil des décisions de la SOCIÉTÉ DES MERCREDIS, forme aujourd'hui la meilleure jurisprudence gourmande de l'Europe. (…) Il importe aux progrès de l'Art et à la gloire de la Gourmandise, que le Public connaisse enfin tout ce qu'il vous doit. Il importe que l'illustre SOCIÉTÉ DES MERCREDIS prenne enfin le rang qui lui est dû et qu'elle travaille depuis tant d'années, et si scrupuleusement, à mériter. Les Gourmands avaient à cet égard, depuis long-temps , un vœu à former ; et si nous osons nous en rendre aujourd'hui les interprètes, votre modestie seule pourrait nous en faire un crime.(…)"
* : Fulcrand marquis d'Aigrefeuille, fin gastronome, officier de bouche de Cambacérès.

Le texte intégral : c’est ici 


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