Aphorisme n°6 : sur l'art imprévisible du gouvernement
jeudi 22 novembre 2018
dimanche 11 novembre 2018
jeudi 25 octobre 2018
lundi 1 octobre 2018
Octobre n'est plus ce qu'il était, et c'est tant mieux pour les gourmands
Souvenez vous de ce qui nous disions du mois de septembre : la plupart des animaux à poil ou à plume sont encore trop jeune pour atterrir sur nos tables, à part les grives, les guignards et quelques autres. Il fallait donc attendre octobre, pour que tout ce beau monde ait achevé, ou presque, sa croissance.
Souvenez vous de ce qui nous disions du mois de septembre : la plupart des animaux à poil ou à plume sont encore trop jeune pour atterrir sur nos tables, à part les grives, les guignards et quelques autres. Il fallait donc attendre octobre, pour que tout ce beau monde ait achevé, ou presque, sa croissance.
Les levrauts sont devenus tout à fait lièvres, et les
dindonneaux ont fait place aux dindons. Les poulets de grain présentent un
satisfaisant embonpoint, et tout est en activité, de l’étable jusqu’à la
basse-cour, pour stimuler et satisfaire l’appétit du Gourmand.
Mais ne voilà-t-il pas qu’une série d’obstacles s’élève sur
le chemin du paradis des Gourmands parisiens !
Cependant, ce mois est peut-être à Paris celui où l’on
voit le moins de rassemblements nutritifs. C’est celui où les vacances de
Tribunaux et des Collèges, la stagnation des affaires, le soin des vendanges,
la stérilité des spectacles, éloignent presque tous les gens riches et les
propriétaires de la Capitale. Il ne reste guère que les malheureux Rentiers,
qui ne connaissent la bonne-chère que par souvenir, et qui sont réduits à
jeuner, quand ils savent se respecter assez pour ne pas exercer le métier
honteux de Parasites.
Ce petit passage nous apprend ainsi comment l’on vivait à Paris
en 1806 : heureux temps que ceux-ci, quand magistrats et législateurs
reposaient leurs mitraillettes à projets de loi, le bourgeois paraissait dans
ses meilleurs atours, songeant à ses affaires tout en les faisant, le paysan se
livrait dans la joie aux vendanges, le propriétaire profitait des derniers
beaux jours dans sa villégiature plus ou moins lointaine. Et soyons sûrs que le
rentier - ce personnage si présent dans la littérature de La Reynière, puisque
lui-même l’est - ne connaissait pas le sort ici décrit, car la soupe à l’exagération
fait partie de tous les repas de La Reynière. Et que ne faut-il pas faire pour décocher
ses pointes en direction des Parasites,
autrement dit, des pique-assiettes, dont il est la victime quotidienne …
Mais ces temps ne sont plus – sauf que la race des rentiers
va bientôt s’éteindre, accablé par les Édits de Finances de notre bon roi
Macron 1er après une longue vie d’épargne et de gestion avisée – et
nous pourrons honorer sans retenue aucune tous les bienfaits que la Nature nous
accorde en ce beau mois d’Octobre.
A bientôt !
mardi 25 septembre 2018
vendredi 21 septembre 2018
Le Guignard, bête un peu bête mais délicieux en pâté; Edouard Philippe, aux conceptions troubles de la Vérité, mais excellent en interview
Le Guignard fait partie des gibiers que La Reynière admet
pouvoir être consommé dès septembre, contrairement à ses autres amis gibiers,
pour lesquels il conseille d’attendre Octobre.
Il appartient à la famille des pluviers, ou « oiseau de
pluie », qui arrivent en troupe à la saison des pluies. C’est un tout
petit oiseau de passage, à peine la taille d’un merle, dont la chair est très
délicate.
Le Guignard, originaire des pays chauds, les quitte à mesure
que la terre se découvre, et suit dans leur marche les moissonneurs, étant fort
friand des grains qu'ils laissent tomber en sciant les épis. II remonte donc
ainsi la France, toujours en glanant, et c'est depuis Septembre jusqu'à là
mi-octobre qu’il traverse les plaines de la Beauce. C'est là qu'il se plaît
mieux qu'en aucun lieu du monde, et c'est aussi là que les chasseurs
l'attendent avec impatience
De plus, le Guignard, bête un peu bête, est facile à
chasser :
Le guignard, originaire des pays chauds, les quitte à
mesure que la terre se découvre et suit dans leur marche les moissonneurs parce
qu’il est fort friand des grains qu’ils laissent tomber en sciant les épis. Il
remonte donc ainsi la France, toujours en glanant, et c’est depuis le mois de
septembre jusqu’à la mi-octobre qu’il traverse les plaines de la Beauce. C’est
là qu’il se plaît mieux qu’en aucun autre lieu du Monde, et c’est aussi là que
les chasseurs l’attendent avec impatience. La gourmandise de cet oiseau aide
beaucoup à sa destruction, car dès que l’un d’eux est tombé sous le plomb
meurtrier, tous les autres s’abattent sur place, croyant que celui qui est
tombé s’est précipité sur un tas de grains. Cette illusion, dont les chasseurs
profitent, fait qu’il en succombe un très grand nombre.
Le problème est que la chasse au guignard est interdite en
France depuis 2008. Il faut donc attendre qu’il tombe tout seul du ciel, par
mort naturelle, étourdissement ou lassitude. Et les autres suivront.
Si vous avez la chance de tomber sur des Guignards tombés du
ciel, vous pouvez en faire des pâtés, La Reynière le recommande ainsi.
Ayez huit douzaines de guignard ; après les avoir
flambées et épluchées, fendez-les par le dos ; ôtez tout ce qu'elles ont
dans le corps; séparez de ces intestins les gésiers ; prenez les
intestins ; hachez-les ; ajoutez-y du lard râpé et des fines
herbes ; pilez le tout ; formez-en une farce ; remplissez-en les
corps de vos guignards ; moulez et
abaissez votre pâte, et sur le fond de votre abaisse*, où vous aurez étendu un
peu de farce, rangez vos guignards ; assaisonnez-les à fur et à mesure, et
enveloppez-les chacune, si vous voulez, d'une petite barde de lard ;
mettez dessus une couronne de beurre, deux ou trois demi-feuilles de laurier et
un peu de fines épices ; couvrez-le tout de votre seconde abaisse ;
dressez votre pâté, soit carré ou rond ; faites-le cuire environ deux
heures et demi ; laissez-le refroidir et servez-le.
* Une abaisse est une pièce de pâte aplatie,
généralement au rouleau à pâtisserie En cuisine, le terme culinaire de cette
action est « abaisser ».
Bon appétit !
Sources :
Néo-Physiologie du goût par ordre alphabétique (1839) ; Almanach des
Gourmands, 1ère année.
PS : puisque ce blog s’intéresse à la morne actualité
de la vie politique française, il me faut bien signaler la remarquable
intervention de Monsieur Edouard Philippe, notre premier ministre chéri, à France Inter
(« Grands Entretiens »), en ce qu’elle illustre ce que nous disions à propos de la Vérité. Ecoutez-le bien : « Non, il n’y a pas de
ralentissement de la croissance de l’économie française en 2018. Mais il est
vrai, c’est moins que l’année dernière. » C'est quand même triste, quand on pense à ce que disait son chef quand il battait la campagne, rigolait de Hollande en le traitant de nouille de la croissance molle alors que Lui, Emmanuel, allait vous faire rêver avec une France nouvelle hyper-dynamique.
Il ne reste donc plus que la pirouette, et ça, Edouard sait y faire, comme on dit dans ma Bresse natale. Avec une croissance de 2,3% en 2017 et de 1,7% prévus en 2018, ce n'est effectivement pas un "ralentissement", mais une véritable chute de 25% : comme quoi, notre sous-chef n'a pas tort d'un point de vue grammatical. Augmentation de la fiscalité, augmentation de la CSG, cadeaux fiscaux aux 1% les plus fortunés, grèves à répétition, petites vexations mesquines par-ci par-là du genre baisse des APL : cela explique, en partie, ceci. Mais alors, quand donc ce ralentissement de croissance qui n'existe pas finira-t-il donc? Attendez; attendez, di-il, attendez l'effet de ruissellement qui va nous arranger tout cela - ce qui fait rire tout le monde même les économistes.
Alors, Monsieur Philippe, ou la Vérité du pâté (abaissé) de guignard ?
Il ne reste donc plus que la pirouette, et ça, Edouard sait y faire, comme on dit dans ma Bresse natale. Avec une croissance de 2,3% en 2017 et de 1,7% prévus en 2018, ce n'est effectivement pas un "ralentissement", mais une véritable chute de 25% : comme quoi, notre sous-chef n'a pas tort d'un point de vue grammatical. Augmentation de la fiscalité, augmentation de la CSG, cadeaux fiscaux aux 1% les plus fortunés, grèves à répétition, petites vexations mesquines par-ci par-là du genre baisse des APL : cela explique, en partie, ceci. Mais alors, quand donc ce ralentissement de croissance qui n'existe pas finira-t-il donc? Attendez; attendez, di-il, attendez l'effet de ruissellement qui va nous arranger tout cela - ce qui fait rire tout le monde même les économistes.
Alors, Monsieur Philippe, ou la Vérité du pâté (abaissé) de guignard ?
lundi 10 septembre 2018
mercredi 1 août 2018
dimanche 15 juillet 2018
dimanche 1 juillet 2018
mercredi 20 juin 2018
vendredi 15 juin 2018
lundi 4 juin 2018
Juin, mois végétal et aussi du marasquin aux truffes
Il n'en est point de Monsieur Bouscarat comme de ces vulgaires Artistes, à qui un succès obtenu par hasard, une honorable mention accordée dans cet Almanach, à qui un heureux coup d'essai dans quelques parties du grand art alimentaire, suffit; et qui, se reposant sur ce premier avantage, cessent de travailler pour en mériter de nouveaux.
Tous les gourmands, gourmets, gastronomes et gastrophiles le
savent : récoltées à partir du mois de novembre, c’est en janvier qu’elles
sont les meilleures. Cette saisonnalité truffaldienne a fait germer dans
l’esprit de La Reynière un de ces aphorismes dont il a le secret :
On ne mange de
truffes que pendant quatre mois de l’année, et l’on en passe huit à les
regretter.

Et que dire d'une poularde truffée, par exemple, (même si un
Poulet de Bresse aux morilles, c’est pas mal non plus) ?
De toutes les manières de manger les volailles, la plus
succulente, la plus recherchée et la plus honorable, c’est de la manger aux
truffes : le parfum de la truffe donne à la viande un goût merveilleux, et
lui communique une vertu vivifiante ; elle inspire au Gourmand une énergie
extraordinaire ; et fût-il de l’appétit le plus vulgaire, elle en fait un
Milon de Crotone*.
* Célèbre athlète athénien
(VIème siècle avant JC), réputé pour sa voracité.
Alors, en ce joli mois de juin, mois végétal s’il en est, serions privés de
truffes ? Que non, mais d’un genre un peu spécial :
Ce que l'on avait jusqu'ici jugé impossible, un
distillateur de Clermont-Ferrand*, non seulement l'a entrepris, mais l'a fait
avec succès. La liqueur, qu'après un grand nombre d'essais, il est parvenu à
composer, est non seulement très singulière, mais elle est encore excellente.
Il a su marier le goût de la Truffe avec celui du Marasquin, de manière ce que
tous deux se font également sentir sans que l'un absorbe l'autre. On croit
manger des Truffes en buvant du Marasquin, en sorte que l'effet de cette
liqueur est de vous transporter en un clin-d'œil de l'entremets au dessert, et
de vous reporter du dessert à l'entremets.
* Les plus érudits de
nos lecteurs, surtout s'ils sont Clermontois, auront reconnu sans peine
M.Bouscarat, qui vendait son Marasquin 8 francs la bouteille.
À mes chers lecteurs qui craignez que mes billets de juin,
consacrés aux fruits et légumes, pour la plupart, manquent de sel, je réponds :
détrompez-vous, le lyrisme de La Reynière s'accroit à mesure que ces dons de la
Nature s'approchent de l'Alambic. Un exemple? Le portrait qu'il a fait du
Distillateur clermontois, Monsieur Bouscarat :
Il n'en est point de Monsieur Bouscarat comme de ces vulgaires Artistes, à qui un succès obtenu par hasard, une honorable mention accordée dans cet Almanach, à qui un heureux coup d'essai dans quelques parties du grand art alimentaire, suffit; et qui, se reposant sur ce premier avantage, cessent de travailler pour en mériter de nouveaux.
À suivre, donc.
Sources : Journal des Gourmands et des Belles,
1807 ; et Almanach, 1808 et
1810.
vendredi 1 juin 2018
vendredi 25 mai 2018
vendredi 20 avril 2018
samedi 31 mars 2018
A tous mes ami.e.s gourmands, gourmets, gastronomes et
gastrophiles : voici le mois d’avril, et Pâques, et la fin du Carême. La
Reynière revit, les commerces de bouche, anémiés jusqu’alors, reprennent des
couleurs ! Et quelles couleurs ! Celles du cochon au premier chef...
D’ailleurs, je vous reparlerai du cochon, car c’est l’animal chéri de La
Reynière, celui qui attise sa verve plus que tout autre !
Le mois d’Avril est sans contredit celui pendant le cours
duquel il se fait une plus grande dépense de laurier. Depuis le Lundi Saint
jusqu’à Quasimodo* les boutiques des charcutiers ressemblent aux portiques du
Capitole ; vous ne pouvez y entrer sans courber votre tête sous des voutes
de lauriers ; jamais triomphateur à Rome n’en vit autant devant sa maison.
De tous les animaux, le Cochon est le seul qui soit ainsi couronné lorsqu’il
n’est plus ; et ce tardif honneur est tout à la fois une sorte d’expiation
de tous les outrages auxquels il a été en butte pendant sa vie, et une justice
qu’on se plait à rendre à la supériorité de ses membres.
* Premier dimanche après Pâques.
Mais attention, à Paris, les traditions ont été dévoyées.
Déjà à l’époque de la Reynière :
C’est le Mardi de la Semaine Sainte que se tient à Paris
la foire aux Jambons. Elle ne dure qu’un jour, et l’affluence des acheteurs y
est considérable : mais elle intéresse peu les Gourmands, parce qu’il ne
s’y vend que des Jambons de pays…Il faut qu’un Jambon arrive au moins de
Bayonne pour oser se présenter sur leur table.
Pire encore aujourd’hui, la Foire au Jambon, à Chatou, qui
est aussi celle de la brocante, on se demande bien ce qu’il y a à voir entre le
cochon et la bimbeloterie, a lieu en plein carême ! ( du 8
au 18 mars). Preuve qu’il n’y a de jambon qui se vaille qu’à Bayonne, c’est que
la foire d’y celui s’y déroule pendant la Semaine Sainte, ou presque (cette
année : du 29 mars au 1er avril).
A toutes et à tous, bon jambon !
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